Zazen « ensemble », sans écran, sans Internet

Zazen « ensemble », sans écran, sans Internet

Ce soir, c’est à la fois la rencontre du mercredi, et ça tombe le soir de la pleine lune ; vous le savez, soirs de nouvelle lune, et de pleine lune : dans les temples bouddhistes, les pratiquants, monastiques ou laïcs se réunissent pour méditer ensemble et lire ou reprendre les préceptes.

Il y a quelques années, j’ai proposé de nous asseoir « ensemble » ces soirs là, mais sans ordinateur, sans tablette..sans Internet.Vous vous asseyez où que vous soyez, dans votre maison ou dans  un temple, dans la campagne etc.... La pratique n'a pas besoin d'un lieu spécial, mais de la Sangha- d’autres personnes pour pratiquer « ensemble »

La seule chose que dans ce cadre je propose c’est un planning Framadate, sur lequel on peut s’inscrire-un nom, un pseudo...- il est bon de s’inscrire parce que cela nous consolide dans notre décision, et que cela aide d’autres personnes à le faire aussi ! Bien pour nous, bien pour les autres !

Vous trouvez toutes les infos tous les mois sur le site Nousasseoirensemble.org

Ainsi nous sommes "connectés" à travers la pratique, pas à travers un écran! Donc vous ne recevrez rien- d’ailleurs pas d’adresse mail ! Pas de lien...il reste le plus important: le lien du silence et de l'assise ensemble…

Nous asseoir ensemble, nous dit le Zen, c'est « faire apparaître notre unité », c'est cela le sens littéral de « zazen ». Faire apparaître notre unité, c’est nous relier à tous les êtres, êtres humains, mais aussi animaux, et tout ce qui vit et existe, les arbres, les plantes et à tout ce milieu dans lequel- grâce auquel- nous vivons, l’air et l’océan, et la terre...

 Le point de départ de ce "nous asseoir ensemble", -ce sont les attentats de novembre 2015. Notre première question était : “Que faire ?”. Des choses concrètes, matérielles bien sûr pour aider, mais aussi il semblait aussi qu’il y avait une autre réponse, parce que le monde a besoin de lumière, de compassion et de silence.

Petit détour :

Dans la Chine des Tang autour du 8e siècle, il y eut une longue guerre civile qui a entrainé dévastations, famines et épidémies.

  Donc le problème qui se posait à tous, quelque soit sa fonction dans la société, était : “Que faire ?”. Vous étiez un moine, vous sortiez du temple, et vous voyiez des maisons calcinées, des cadavres partout et les gens se tournaient vers vous et vous demandaient : “Que faire ?”.

Comment est-ce que l'on fait pour rester pleinement un être humain pour conserver notre nature, notre nature lumineuse, notre nature de Bouddha, notre nature insaisissable et sans limites lorsque tout s'écroule ainsi

Sekito Kisen, un des Maîtres du Soto Zen qui vivait à cette époque, donne cette réponse :

 “Tourner sa lumière vers l'intérieur

et voir clairement sa véritable nature.”

 C'est difficile à entendre pour nous parce que dans notre période actuelle, nous sommes une société, une culture du faire, du faire concret. Peut-être beaucoup plus concret qu'à cette époque.

 Mais il y a quelque chose de clair, pour moi, en tant que monastique, d'évident, c'est que méditer, faire zazen, c'est faire. Ce n'est pas se mettre à côté.

A un moment, Sekito Kisen dit aussi :

 “Le véritable enfer, c'est vous servir de votre propre pratique pour fuir le monde”. Il ne faut pas oublier ça ! Nous pratiquons avec et pour et grâce au monde...Il s’agit « d’agir » dans le monde.

Maintenant, dans notre société actuelle, l'autre véritable enfer aussi serait d'oublier notre propre pratique pour se mettre devant Tiktok, Google et toutes les images !

 Cela c’est aussi éteindre notre lumière.

Je ne dis pas de ne pas regarder du tout, puisque je suis sur Youtube et Facebook, mais je pense que c’est important aussi de revenir au silence, et à l’assise ensemble, sans rien, juste s’asseoir.

Ces soirs-là, je vois comme une carte du monde, avec plein de petites et grandes lumières !

J’ai l’impression que nous devenons des témoins, des veilleurs...

 Il y a une non-séparation, et c'est cette non-séparation qui vous permet de donner une réponse juste au « Que faire ». Une réponse au monde qui soit à la fois juste et pleine de compassion.

  C'est à nous de faire ressortir notre propre lumière, à travers ce que nous sommes. Et ce que nous sommes, c'est plus grand que nous, c'est relié à tout ce qui y est. C'est sans limites.

Comme zazen.

C'est le moment de pratiquer.

*La prochaine pratique « ensemble » sera le vendredi 28, pour la lune nouvelle- toutes les infos et le lien vers le Framadate sur le site nousasseoirensemble.org