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Photo du rédacteurJoshin Sensei

Une trame pour notre vie

Pourquoi le récit de l’Illumination et plus généralement la vie du Bouddha, sont importants pour nous 


Je pense qu'il y a deux côtés à regarder dans l’histoire qui nous raconte l'Illumination du Bouddha. 

D'une part, il y a un côté presque historique, dans un autre lieu, une autre époque, un récit qui nous explique toute la démarche du Bouddha, et son aspiration.

 

Mais je crois qu'il y a là aussi un archétype, au-delà du temps et de l’espace pour nous pratiquants de la Voie, qui parle de la vie de chacun. Si on regarde toute la vie du Bouddha depuis le début, la façon dont il a été gâté, choyé par ses parents ; la façon dont, à un moment ou un autre, tous les enfants font la rencontre de la souffrance, de la maladie, de la mort ; la façon dont il a réagi avec idéalisme, comme souvent les jeunes vont réagir pour mettre fin à ce que ne semble pas acceptable. C’est comme une trame d’enfances et d’adolescences.


Et puis son départ, car pour entrer dans notre vie, nous devons quitter le domicile familial ; sa quête et le renoncement de sa vie menée jusque là, parce que pour entrer dans la pratique, quel que soit le niveau auquel on pratique, il faut faire des choix, donc des renoncements. Ce n'est pas tant le niveau de renoncement qui m'intéresse, mais le fait que si nous voulons obtenir quelque chose dans notre vie, si nous avons une aspiration importante vers quelque chose, que ce soit dans cette Voie, ou bien jouer du piano ou bien être un grand sportif ou traverser l'océan sur une petite barque, de toute façon, il va falloir renoncer à un certain nombre de choses. 


Ensuite, il y a la recherche, il va auprès de maîtres, il s'essaye à la vie ascétique ; il fait cette recherche à l'écart du monde, ça me fait penser à tous ces jeunes maintenant qui cherchent des choses sur Internet un petit peu tout seul dans leur chambre, ou seulement avec des gens qui sont comme eux, comme le Bouddha et les autres renonçants. Parfois cette coupure, comme le Bouddha qui arrive près de la mort, mène à des choses dramatiques. 

Et puis, il y a le retour vers la vallée, vers la vie, la rencontre avec les autres. L'acceptation de recevoir alors que le Bouddha était parti pour donner ; à un moment, on s'aperçoit qu'il faut recevoir pour pouvoir donner et lorsqu'il y a donc cette rencontre entre donner et recevoir, entre soi et les autres, alors l'aspiration commence à être réalisée. 

 

Pour moi, les deux personnes qui apparaissent dans ce récit, le jeune gardien de buffle et Sujata, à travers elles bien sûr, ce sont toutes les autres personnes qui sont là. Elles sont toutes les personnes qui nous aident et qui nous ont aidés à avancer sur la Voie. De façon concrète, aussi bien d'ailleurs en nous nourrissant ou nous donnant des possibilités de gagner de notre vie. Ou en nous enseignant. En fait ces deux personnes, pour moi représentent la Sangha, toute la Sangha ; ça veut dire les personnes qui nous aident aujourd’hui mais aussi toutes les personnes du passé, Maîtres et pratiquants, toutes celles qui font que le récit de cette Illumination arrive jusqu’à nous, et nous parle aujourd’hui.


Et ensuite l’autre rencontre que va faire le Bouddha, c’est Mara. Mara, c'est le dieu de la mort, le destructeur, c'est celui qui nous tente aussi, c'est le Dieu de de la luxure, de l'abondance, du vouloir toujours plus, et cetera. Donc Mara qui tente le Bouddha en lui disant je peux faire de toi un dieu, des richesses, etc, mais sans succès. Il jette des pierres et lance des flèches sur le Bouddha...mais avant d’atteindre le Bouddha, elle se transforment en fleurs...Est-ce qu’on peut faire ça quand quelqu’un nous jette des regards ou des mots désagréables… ?! Alors Mara envoie ses filles plus ou moins déshabillées pour danser devant le Bouddha. C'est le Tentateur, Mara, et nous avons tout ça, hein ? Pour l'instant il me semble que le plus grand tentateur s'appelle ordinateur, smartphone, réseaux sociaux.... Il me semble que c'est ça les plus grands Maras en ce moment dans dans nos vies ou dans vos vies. Pour finir, comme rien ne marche, Mara challenge le Bouddha, il lui dit Mais pourquoi tu es là, de quel droit ? Est-ce que tu crois vraiment que tu as le droit de t'asseoir là et de décider de devenir Bouddha ?  


Et nous, nous pouvons avoir les mêmes interrogations, doutes.. On va se dire pourquoi ce que je suis là sur mon coussin ? Est - ce que je pense vraiment -alors je parle même pas de devenir un Bouddha, mais est-ce que je pense vraiment que je peux changer ? que je peux m'améliorer ? Est- ce que je pense vraiment que je peux un peu casser ce « cadre mental » dans lequel je me suis fixé, ces souvenirs, ces attentes, ces souffrances.. ? 

Et le Bouddha répond à Mara en prenant la terre à témoin. C’est le geste le plus souvent reproduit, quand on voit une statue de Bouddha, on voit le bas gauche plié et la main droite qui touche la terre.


Je trouve que c'est intéressant, parce qu’il y a plein d'explications différentes de ce geste. Moi, j'aime bien celle qui dit que la terre, c'est elle qui nous a portés à travers nos vies, à travers les âges. La terre, c'est elle qui nous a vu grandir, qui nous donne la solidité. Parce que quand on est assis en en méditation, en zazen, l'idéal, bien sûr, quand on peut, c'est de s'asseoir sur la terre parce que ça nous donne la stabilité, les racines. Tout ce dont notre esprit manque souvent...

Jack Kornfield parle d’un autre récit : le doigt du Bouddha qui touche la terre dit : « Tu es ma mère et mon père. Tu es ma Libération. Depuis le passé sans début, et jusqu’à la fin sans fin, toi et moi, nous sommes un.» Depuis le début sans début, nous ne sommes pas séparés de la terre, de l’univers, des autres...C’est cela que le Bouddha sait, que Mara ne sait pas… !


Et pour dire qu’elle accepte la quête du Bouddha, la terre va alors, suivant les interprétations, va trembler ou il va y avoir la déesse de la terre qui va apparaître... Mais je pense que pour nous, même si c'est moins spectaculaire, nous pouvons nous appuyer sur la terre pendant notre méditation pour savoir que oui, nous avons cette solidité et nous avons à partir de cette solidité en nous-mêmes, la possibilité de bouger et de changer ; et que oui, nous retrouvons à travers cet ancrage, point de contact avec la terre, l’univers, les autres... Voilà. 


A travers l’aspiration du Bouddha, nous pouvons voir se refléter la notre . 

Donc dans ce récit archétypal, on a tout, tout le déroulement d'une démarche, d'une vie.

On part de l'enfance et on arrive à la personne pleinement réalisée, adulte, dans sa plénitude réalisée d'être humain.

A partir de là, le Bouddha se lève, il part et revient dans le monde. Tout le reste de sa vie, il parle avec les gens, il donne et reçoit, et dans le Mahayana, on dit qu’on retourne sur la place du marché- à savoir on revient vers le monde, le tumulte, le bruit, vers les autres, on donne, on reçoit, on partage, on vit.Donc, l’Illumination du Bouddha, ce n'est pas seulement une histoire qu'on raconte, comme un conte ou une légende, mais nous devons trouver où est à notre place dans cette histoire.

Nous devons chercher ce que nous, dans notre vie, nous avons à y apprendre.

Et je pense que quand on regarde de cette façon, on peut voir notre place. Nous pouvons voir, dans cette vie, maintenant, les choix qui sont possibles et les ouvertures que nous avons devant nous.


Et nous pouvons comprendre que l'essentiel, c'est que nous pouvons choisir ce que nous voulons faire de notre vie….



Conclusion de la retraite sur l’Illumination du Bouddha, et questionnaire :

Lorsqu'une chose nous accompagne depuis longtemps, comme ce que nous percevons comme notre « moi »qui pourrait bien être une histoire que nous nous racontons...vous vous souvenez de « oublier votre biographie »... il est si difficile de la lâcher, de la laisser partir, même si elle est insatisfaisante, même si nous savons que nous devons la lâcher pour avancer…

C'est comme une mue, une métamorphose: nous devons sortir de notre cocon, car il est devenu trop petit, ce n'est plus une protection mais une prison...mais il y a la crainte...et pourtant nous savons, par les témoignages, les récits, les paroles de l'Enseignement, cette nuit de l’Eveil, mais surtout par notre aspiration, que c'est souhaitable, que c’st réalisable - plus même que c'est notre vie même et que nous pouvons avancer sans crainte, car nous n'avons rien à perdre.


" Une pensée fondée sur la confiance, telle est l'origine de l'entrée sur la Voie.." Le Dressage du Buffle


Comment voyez-vous l’Illumination- l’Eveil par rapport à votre vie et à votre pratique :

1. Pensez-vous à l'Eveil comme : un possible ? un souhaitable ? un impossible ? Pourquoi ?

2. Quand avez-vous commencé à penser à l'Eveil : Au début de votre pratique? Récemment? Jamais?

3. Est-ce que l'Eveil changerait votre vie ? comment ?

4. Selon Sutherland Roshi : «Au coeur même du bouddhisme se trouve la promesse de l’Illumination » Qu’en pensez-vous ?




 

 

 

 

 


53 vues2 commentaires

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2 Comments


Thierry Tournier
Thierry Tournier
Dec 16, 2023

Bonjour,


Sans connaître précisément les épisodes de la vie du Bouddha, il en est un qui me pose question.

A partir d'un certain moment de sa quête, le Bouddha décide de devenir ascète. Comme tous les ascète de ce temps, il s'inflige toutes sortes de privations à commencer par la privation de nourriture. C'est alors que, sous alimenté, il frôle la mort.

Par un éclair de ce que je peux comprendre comme de la lucidité, il met un terme à cette pratique quelque peu mortifère et descend de sa montagne pour aller vers le monde, vers les autres.

C'est à partir de ce moment qu'il se fie aux autres, il leur fait confiance. Désormais, c'est avec cette relations aux autres…

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Joshin Sensei
Joshin Sensei
Apr 09
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Le Bouddha après les 3 rencontres, décide de quitter la maison pour aider tous les être soumis à la maladie, la vieillesse et la mort. Mais au début il cherche comment. Donc non, pour le Bouddha, dès le début sur le chemin avec les autres! Pour vous...c'est vous qui savez! Il est vrai que le Chemin se fait avec, par et pour les autres...Gassho

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