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  • Photo du rédacteurJoshin Sensei

Sourire, vivre...( notes)

Je voudrais parler un peu du temps, aujourd’hui, ce qu’on en fait ... et ce qu’on peut faire…

J'aimerais revenir sur une discussion que j'ai eue avec une amie, une amie pratiquante de la Voie du Bouddha cette semaine parce que je trouve que c'est intéressant, il me semble que c'est à travers des discussions très informelles comme ça, que le Dharma prend vraiment vie.

Donc cette amie qui est, on va dire, plus très jeune et qui a eu récemment pour la première fois de sa vie peut-être, quelques problèmes de santé me disait que lorsqu’elle avait relu récemment dans les Enseignements du Bouddha une phrase qu'elle connaissait déjà, là, elle l’avait vraiment entendue :

« Il est dans notre nature de tomber malade, il est dans notre nature de vieillir, il est dans notre nature de mourir ».

Ça l'avait choqué de relire cette phrase, parce qu'elle s'était dit, alors ce qui m'arrive, avoir des problèmes de santé, être fatiguée, avoir moins d'énergie - dans le fond ce qui m'arrive là, c'est dans notre nature et ce n'est pas une chose extraordinaire !

Et j’ai pensé, oui c'est comme ça : on a vraiment du mal à entendre à entendre ces paroles, parce que même si on le « sait » (entre guillemets), eh bien, quand on le vit à travers notre corps, on l’entend finalement. C’est la différence entre un savoir plus ou moins théorique et le savoir qu'on prend dans la figure quand les choses se produisent...

Alors, elle continuait sa réflexion en me disant : « mais qu'est-ce que je fais maintenant… ? Parce que là pour l'instant, me dit-elle, en fait, je suis surtout en train de me plaindre, de trouver que je n'ai pas beaucoup d'énergie donc je ne peux pas faire autant de choses qu'avant, je ne peux plus aller marcher ; je ne fais que ressasser que des regrets ! »

Et moi, je trouve que c’est une question : est-ce qu’on veut passer ses dernières années, que ce soit une ou 2 ou 15 ou 20, à se plaindre ; est-ce qu’on va décider de passer ces dernières années, ou toutes ces années quand on est plus jeune, de les passer en se rendant soi-même malheureux ? !

Parce qu’en effet, on a une capacité à se rendre malheureux qui est tout à fait extraordinaire ! Et alors, quand on vieillit, ou bien suivant les choses qu'on rencontre dans la vie, mais ça apparaît plus clairement en vieillissant, avec les changements dans le corps par exemple, on peut depuis le matin se dire : j'ai mal ci et puis j'ai mal là, et pourquoi je n'arrive plus à marcher autant, et pourquoi je n'ai pas d'énergie, et pourquoi j'ai du mal à bouger les bras ...enfin que sais-je ! On peut se rendre malheureux d'une façon... mais alors incroyable ! - on a une mine entière de plaintes disponibles !

C'est comme dukkha : en fait quand on lit les Quatre Nobles Vérités, enfin surtout les pratiquants, on entend bien que dukkha est toujours présent dans nos vies : malaise, mal-être, souffrance etc ; mais je crois que, tout au fond de nous, on a quand même toujours l'idée que l'état « normal » (entre guillemets) de la vie, c'est que tout aille bien, tout aille comme je veux ; et quand il y a quelque chose qui ne va pas bien, et là en face de l'âge, du vieillissement, forcément il y a des choses qui ne vont pas bien, ça vient un petit peu comme quelque chose de difficile à admettre, même si on a lu et relu les Quatre Nobles Vérités….

Je crois que ça, c'est vraiment une chose occidentale, l'idée du bonheur. On comprend bien que l'idée d'être heureux, c'est une idée qui a dû être attirante pour tout le monde, à travers les âges et les lieux, mais l'idée d'un bonheur comme quelque chose qui nous serait dû et qui serait notre état normal, ça, je trouve que c’est typique de notre culture…

En fait, ça me fait rire parce que je trouve que, excusez-moi, mais je trouve que c'est complètement immature ! Comme les bébés qui attendent tout de la personne qui doit satisfaire tous les désirs, être toujours là pour remplir complètement toute la vie- et puis à un moment, en grandissant, on s'aperçoit que d'abord cette personne, c'est quelqu'un de séparé, donc qui peut bouger, qui peut sortir, aller et venir ; que c'est une personne qui a d'autres personnes autour d'elle, d'autres centres d'intérêt que nous... et à ce moment-là, c'est un petit peu pareil, on peut décider que c'est terrible, et pas ce qu'on nous avait « promis » entre guillemets ; ou bien on peut décider que, oui nous aussi, on est une personne et qu'à ce moment-là, on peut aussi avoir d'autres centres d'intérêt et se tourner vers les autres et commencer ce que j'appellerais « un travail » - un travail pour être heureux. Car, oui je crois que c'est un travail ; pas « travail » au sens « instrument de torture » comme comme dit l'étymologie, paraît-il mais quelque chose qui doit se décider et puis qui va se construire, au fil des jours. Et tomber malade, et vieillir, c’est comme ça, voilà, on peut décider que oui, vieillir évidemment, on comprend bien que ce n'est pas merveilleux d'avoir mal partout ou d'être limité dans nos possibilités, mais on peut aussi décider que non, on ne va pas se plaindre, ( pas trop!) , on ne va pas passer son temps à entasser les plaintes et les gémissements, les regrets... et puis à être jaloux des gens qui peuvent continuer à faire les choses que nous on pouvait faire mais qu’on peut plus faire. On ne va pas ressasser, s’immobiliser nous-même dans une plainte infinie...

Parce que : il est dans notre nature d’éprouver dukkha, dans notre nature qu'il y ait malaise, problème, souffrance… Et on peut décider de se dire : « Oui voilà, il est dans notre nature de tomber malade, il est dans notre nature de vieillir et on peut vivre là, sans se rendre malheureux soi - même, et même en étant heureux… C’est une décision, pas toujours facile à prendre, ni à tenir, mais qui rend la vie tellement meilleure...


Je ne nie pas qu’à ce moment-là de notre vie, comme à tout autre moment, il y a des pertes, il y a des deuils, et à la situation du monde qui est bien grise ; mais être heureux, ce n’est pas du tout être indifférent au reste ; je crois qu’au contraire, c'est quand on est dans la plainte, quand on est dans le râler tout le temps, qu'on s'enferme. On s'enferme sur soi, on s'enferme avec soi ; par contre , décider d'être heureux, c'est aussi s'ouvrir : s'ouvrir à soi-même, aux joies possibles, aux moments de grâce, et s'ouvrir aux autres.


Quand j'étais au Brésil en fin d’année dernière, j'ai fait des différentes vidéos là-bas, une fois dans un petit bazar, j'ai vu quelque chose qui m'a beaucoup plu : voilà c'est ça, vous voyez et ça dit une chose toute simple qui dit : « Sourire, vivre, et chaque jour remercier »

Voilà alors c'est un planning, c'est un programme- pas simple d’ailleurs sous ses allures simplistes !

Et je citais ça à cette amie, et ça nous a fait rire et on s'est dit, voilà, on peut choisir de vivre, faire la tête et râler tous les jours, ou on peut choisir de vivre, sourire et remercier. Et ça, ça sera bien pour nous en premier, vous voyez, parce qu’ encore une fois l'idée de passer toutes ces dernières années en se rendant soi-même malheureux... je trouve que c'est une idée catastrophique !

Alors que je peux décider de passer mes dernières années, enfin ça peut être 15 ans 20 ans, personne ne sait ou un an 2 ans que sais-je, mais je peux décider de les vivre en étant heureuse et et à ce moment-là, oui ça sera bien pour moi déjà, mais ça sera bien aussi pour tous les gens autour et voilà c'est un programme !

On va se rappeler qu'il est dans un nature dans notre nature de tomber malade, de vieillir et de mourir, mais on va se rappeler qu'il est dans notre nature aussi et qu'il est possible même si c'est un petit peu plus difficile peut être quelquefois de vivre, sourire et chaque jour remercier.



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