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La lune est moi, je suis la lune

  • Photo du rédacteur: Joshin Sensei
    Joshin Sensei
  • 17 mai
  • 4 min de lecture

Nous ne faisons qu’un. C’est l’expérience du zen. Recevoir les choses directement, sans faire obstacle est difficile, mais quand nous voyons chaque chose exactement comme elle est, sans le filtre de la compréhension intellectuelle et du dualisme, tout ce que nous voyons est authentique, neuf et magnifique.



Lorsque je puise de l’eau à la source,

La lune pénètre dans ma jarre.

   Dans le zen, nous considérons le «  moi  » et le monde comme un tout. Les fleurs existent-elles parce que nous les voyons ou voyons-nous les fleurs parce qu’elles existent ? Même si nous essayons, nous nous ne pouvons pas séparer le subjectif de l’objectif.

Lorsque le sujet et l’objet ne font plus qu’un, c’est l’expérience de la Réalisation, de l’Eveil, de la Compréhension véritable. Lorsque nous avançons en unité avec le ciel et la terre, c’est l’expérience du zen.

   Nous voyons les fleurs et les montagnes, nous entendons sonner la cloche, et nous savons que tout cela est nous. La rivière est nous, l’autre est nous. Nous voyons que depuis l’origine, nous ne faisons qu’un. Cette expérience, c’est celle du zen.

 

  La lune au cœur du printemps est si belle qu’elle nous absorbe totalement, et cette lune elle-même se trouve dans un contenant- la jarre- qui devient la pureté et la clarté même de la lune. La lune est moi, et je suis la lune. Nous savourons pleinement ce monde.


Ni haut ni bas dans les couleurs du printemps

Par nature, certaines branches sont longues,

 d’autres courtes.

   Au printemps, les glaces fondent, et les derniers froids relâchent leur étreinte. Dans la tiédeur des premiers rayons du soleil, des fleurs éclosent – fleurs de prunier, de pêcher, d’abricotier et de bien d’autres essences. Partout, le printemps se manifeste. Les insectes prennent leur envol, attirés par le parfum des fleurs, et les oiseaux chantent. Tout se met à célébrer la nouvelle saison.

   C’est la Voie de la Nature, le «  Soutra  » qui embrasse tout l’univers et au travers duquel nous recevons tout. Pourtant, chacun d’entre nous est porteur d’une foule de souvenirs et de connaissances, de perceptions dualistes et de concepts qui influencent sa perception du monde extérieur et gauchissent sa vision de la nature. Nous pouvons décrire et tenter d’expliquer la Nature, mais la recevoir directement, sans obstacle, est difficile.

   

Si nous lâchons nos pensées parasites et voyons chaque chose exactement comme elle est, sans le filtre de la compréhension intellectuelle et du dualisme, tout ce que nous voyons est authentique, neuf et magnifique. – Ah ! Merveilleux !

   Pour celles et ceux qui se sont éveillés à cette Vérité, tout ce qu’ils rencontrent, tel quel est le bouddhadharma. Peu importe ce qu’ils rencontrent, il n’y a rien qui ne soit Vérité. Lorsque nous regardons quelque chose et ne le voyons pas comme la Vérité, ce n’est pas la faute de ce que nous voyons, c’est parce que notre vision est obscurcie par les explications et les pensées discursives.

  

 Lorsque nous faisons zazen, nous abandonnons toute autre forme de réflexion et percevons les choses avec une conscience simple et directe. Il n’y a plus de séparation entre la personne qui voit et ce qui est vu. Aucune explication ni idée sur ce qui est vu n’est nécessaire. Ne nous raccrochant plus à une quelconque idée préconçue, nous sommes en parfaite adéquation avec ce que nous voyons. Là, la Vérité et le monde nous apparaissent spontanément. Si nous n’avons pas d’opinion subjective ni d’idée préconçue, il ne reste plus de «  moi  » à l’esprit étroit. Il n’y a plus que l’unité. ( Transparence totale, personne qui voit, rien qui soit vu!)

   Tout ce que nous voyons et entendons est Vérité. Il n’y est rien qui ne soit Bouddha.

   Dès l’origine, nous avons un esprit comme un miroir clair.


( Le mot « miroir » peut être ambigu car nous avons parlé de transparence, et là on peut croire qu’on nous parle d’image.

Mais imaginez que vous marchiez sur un chemin de campagne au printemps, en promenant ce miroir au bout de votre bras tourné vers l’extérieur : ce qui apparaitrait serait seulement ce qui est – alors qu’avec vos yeux vous voyez à travers votre « petit esprit-miroir » : c’est beau, j’aime le printemps, ah cette fleur est déjà fanée- vous voyez à travers toutes vos expériences/idées/ habitudes etc et pas « juste ce qui est » la réalité que montre le miroir, miroir clair qu’est l’esprit lorsqu’il est vide de « moi ». C’est intéressant comme le même mot « miroir » peut avoir des significations aussi différentes, il faut bien y prêter attention sinon on va voir des contradictions là où il n’y en a absolument pas! La différence entre « mon- petit- esprit- miroir » et « l’esprit-miroir-clair » de la Réalité qui apparaît lorsqu’il n’y a plus de division)


Connaître cet esprit, «  esprit-miroir-clair » directement et complètement est le satori. Ce miroir vide donne naissance à de nombreuses associations à mesure qu’il entre en contact avec le monde extérieur- ( il devient le petit-esprit-miroir !) Lorsque nous devenons pleinement cette vacuité, ce miroir vide, le monde voit le jour, clair et vide. Quoi que nous rencontrions, nous le devenons complètement et directement. C’est le goût subtil de zazen. C’est l’esprit de Bouddha et de Dieu.

    Lorsque nous voyons les choses au travers de cet esprit, nous voyons que la branche gauche de l’arbre est plus longue que la branche droite bien qu’elles soient caressées par la même douceur printanière. « Long » n’a rien d’absolu, « court » ne manque de rien. ( autrement dit, chaque chose est parfaite juste comme elle est)


 Il nous faut aussi voir tout dans la société de cette même manière. Lorsque nous sommes avec une personne âgée, nous devenons cette personne âgée et pouvons dire : « oui, cela doit être une vie bien solitaire, bien difficile ». Lorsqu’un enfant arrive, nous sommes naturellement capables de chanter et de jouer avec l’enfant à sa manière.

Nous voyons un pin et devenons un pin ; nous voyons une fleur et devenons une fleur. C’est notre esprit naturel, simple, sans artifice. De là, nous voyons de la plus pure des manières, et c’est ici que vit le bouddhadharma.


Shodo Harada Roshi M° dans le Zen Rinzai




 
 
 

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