top of page
Rechercher
Photo du rédacteurJoshin Sensei

Si je veux savoir qui je suis...

« Si je veux savoir qui je suis, je dois finalement revenir au silence.

Revenez donc dans ce monde, devenez zéro, et voici la paix merveilleuse. C'est le monde du silence.

Suzuki Roshi Retour au silence


«  Que faire, et comment faire… ? » cette question que je me pose, sans fin, on l’a regardé et on le regardera encore à travers le travail sur nous pour agir de façon juste, le coeur-esprit tranquille pour rencontrer les autres, entrer dans le calme profond, appuyé sur la confiance en notre véritable nature…

Aujourd’hui, je voudrais revenir en amont de tout cela, à la base de notre vie...une approche que, peut être, beaucoup jugeront inutile, revenir à un « ne rien faire » : j’ai voulu décrire une rencontre au coeur du silence, une rencontre à l’aube au temple, une journée qui commence par marcher sous la lumière des étoiles, qui va naître dans un moment de paix et de silence : au temple, nous sommes des nomades du petit matin pour retrouver tous les autres, hommes et femmes au travail ou en prière ; nous sommes des guetteurs d’aube pour accueillir dans la joie une nouvelle journée.

Un texte écrit à partager pour dire la beauté d’une vie de contemplation - et son importance.


Je dors dans une cabane, un peu éloignée du temple, mais le son étouffé de la cloche de bronze parvient jusqu’à moi. Dans la pénombre, j’aperçois d’autres silhouettes qui se dirigent vers la salle de méditation ; c’est l’automne, un peu frais ; le ciel est bleu nuit, aucune lumière ne s'annonce encore. Un mince croissant de lune et des traînées d’étoiles suffisent pour se guider sur le sentier jonché d’aiguilles de pin. Il n’est pas encore cinq heures du matin et le ciel clair annonce une belle journée.

Ce que je trouve impressionnant, si tôt le matin, c’est que le temps semble suspendu : toute la nature dort encore.


Il y a une dizaine de minutes, la cloche a annoncé le réveil ; après de brèves ablutions, destinées autant à nous réveiller qu’à entrer neuf dans la pureté de la journée nouvelle, nous allons commencer la première méditation du jour. Chacun prend place sur son coussin et se tient tranquille. C’est la première veille, pour moi, la plus belle je dois dire, celle du lever du jour, celle de toutes les promesses de la journée à venir ; et quand tout le monde est assis, une clochette cristalline étend ses ondes apaisantes.


C’est là au temple notre façon de commencer la journée : par un temps de transition avant les activités, un temps d’éveil après le sommeil de la nuit. Ce sont des retrouvailles avec nous-même, et le retour à cet élément le plus transparent, le plus insaisissable de notre vie : le temps. Les instants s’égrènent au fil de nos respirations, ou bien notre respiration fait naître des instants qui s’étirent…on ne sait plus !


Bien sûr, c’est difficile au début, et plus d’une personne a pâli à l’annonce d’un réveil si matinal, sans petit déjeuner, ni douche ! Nous sommes des êtres pétris d’habitudes, enfermés parfois dans ces gestes quotidiens ; mais on s’aperçoit vite que nous sommes aussi merveilleusement adaptables.


Assis tranquilles, immobiles dans ce silence, selon la saison, nous suivrons la montée de la lumière qui va emplir petit à petit la salle, ou bien le pâle reflet de la neige nous éclairera d'une lueur étouffée; en cet automne, la pénombre permettra tout juste de distinguer les silhouettes grises des sapins derrière les fenêtres quand nous nous relèverons pour commencer la journée.

 

Il me semble que chaque jour, à travers le silence profond qui s’est installé dans la salle de méditation, nous retrouvons tous les autres, tous ces autres guetteurs d’aube qui tracent le premier sentier de cette journée nouvelle, ces autres nomades du petit matin qui s'aventurent dans un monde encore vide:

hommes et femmes au travail ou en prière, debout dans des trains de banlieue ou s’apprêtant à monter dans des camions de livraison, un boulanger, bien plus matinal que nous, venu respirer sur le pas de sa porte, des livreurs de journaux, des carmélites en méditation, des frères dont les chants montent vers le ciel; des balayeurs qui passent avant nous pour nous offrir un monde propre, une femme inquiète au chevet d’un enfant, un malade espérant la fin de la nuit et de la souffrance…


Nous devenons des guetteurs d’aube pour une journée que nous essayons d’accueillir dans la joie et la gratitude…Guetteurs d’aube quand nous prions pour que cet instant de paix puisse être partagé par tous.

Dans quelques minutes, nous allons bouger, manger, travailler, prendre soin du monde le mieux possible. Mais le souvenir de ces instants précieux qui nous ont rassemblé, de cette harmonie du silence nous accompagnera et nous aidera souvent à dissiper le poids de nos pensées diurnes.


Harada Roshi nous a dit que nous allons rencontrer beaucoup de monde au cours de notre vie, mais que la personne la plus importante que nous devons rencontrer est nous-même.

Pour moi, c’est là, dans ce silence de l’aube, dans la promesse du jour naissant, que nous pouvons nous rencontrer et nous connaître complètement.







24 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Coeur simple

Comments


bottom of page