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Photo du rédacteurJoshin Sensei

S'accepter comme tel...

L'autre jour au journal télévisé, j'ai vu une célèbre ballerine russe venue enseigner à de jeunes danseuses à New York. La manière dont elle dansait n'avait rien à voir avec celle des élèves. L'enchaînement de ses mouvements était comme une épure. Ils s’évanouissaient sans cesse, ils apparaissaient et disparaissaient, apparaissaient et disparaissaient. Mais chaque forme que réalisait cette ballerine était parfaite. Son corps, ses mains, tout en elle était parfait. Elle avait un cou très long, deux fois plus long que le mien. J'étais très étonnée. Son corps avait été complètement remodelé par la danse. Chacun des mouvements était beau en soi et complètement indépendant et, en même temps, tous les mouvements étaient liés.

Ils suivaient simplement le rythme comme les plans d'un film ou comme une eau courante. Il n'y avait aucune distance entre elle et la danse. Dans les limites de sa vie en train de se flétrir, elle mettait tout son cœur à prendre soin de chaque forme. C'est pourquoi son corps était devenu danse, totalement.


Quand on la voit danser, il y a deux choses qu'on voit. L'une est que sa danse s'évanouit sans cesse, elle apparaît et disparaît. C'est le monde impermanent qui change constamment.

Mais en plus de cela, on peut voir voir la parfaite beauté de la danse. Il n'y a aucune différence entre elle et la danse ; elles sont unité. On ne sait pas comment il est possible de créer une telle beauté au cœur de l'permanence. Au cœur même de l'apparition et de la disparition, il y a une beauté qui est éternelle. Avoir la foi, c'est exactement vivre comme cela.


M° Dogen dit la même chose d'une manière différente. Il dit : « Etudier la Voie, c'est devenir un avec elle ; oublier, jusqu'à la plus petite trace d'Eveil. Ceux qui veulent pratiquer la Voie doivent commencer par croire en elle. Ceux qui croient en la Voie , doivent croire qu'ils sont dans la Voie , depuis le commencement même, qu’ils ne sont sujets à aucune illusion, pensée trompeuse ou idée confuse. Engendrer une telle croyance, clarifier la Voie et la pratiquer de cette façon, telle est l’essence de l'étude de la Voie . » Il explique clarté et pureté lorsqu'il n'y a ni confusion, ni illusion, ni fausse interprétation.

C'est la perfection.


Mais on dit toujours qu'il est impossible au sujet et à l'objet de devenir un. On ne croit pas que ce soit possible. Si on s'appuie sur des idées toutes faites qu'on appelle « moi, je. » : « moi je vis d’une certaine façon ou bien moi j'ai un corps comme ci ou comme ça, alors je ne peux pas faire ça… »

Si on pense de cette manière là, on ne peut rien faire du tout. Le corps et l'esprit de la ballerine sont complètement complètement flexibles, sans illusion, sans fausse interprétation.

En s'entraînant, on peut créer un corps et un esprit merveilleux.

Tout le monde peut y parvenir mais cela n'arrive pas tout seul. On doit commencer par prendre une décision et puis on entraîne son corps et son esprit : c'est la pureté.

Cela ne vaut pas seulement pour la danse, mais également pour la photo, la peinture, le sport, tout ce qu'on veut. C'est très important. C'est la foi bouddhiste.


La foi, c'est désirer ardemment, porter la perfection de la personnalité humaine à son point le plus haut. C'est une vie de bodhisattva.

 La perfection, c'est l'eau qui sourd du rocher et remplit naturellement une vasque ou un bassin. Telle est notre pratique. La vraie pratique c'est qu'on est déjà un grand être. Aussi pourquoi ne pas commencer par s'accepter comme tel ? Acceptons notre corps, notre vie présente comme un « grand être ».

Notre pratique doit s'enraciner, zazen doit s'enraciner, notre respiration et notre concentration doivent s'enraciner jour après jour. Tel est notre zazen, maintenant, ici, même. C'est tout ce que nous avons à faire.

Katagiri Roshi Retour au silence


S’accepter comme tel.

Quel regard sur le corps-danse ! Quelle description de la danse ! Et qui peut être aussi les arts martiaux, la peinture, mais je dirais tout ce qui met notre corps en jeu, bricolage, vaisselle, cuisine... La fluidité, l’harmonie, l’entièreté de cet instant qui apparaît et disparaît : « Chaque instant est un instant de plénitude »

Pour réaliser cela il faut devenir un : un avec soi même, un avec son geste, un avec ce qui est à cet instant.

Mais comment ? Évidemment cette question n’a pas vraiment de réponse…!


Quelques mots du texte :

Débarrassé- comme on rejette un sac trop lourd, comme on laisse derrière soi des objets devenus inutiles- de toutes nos idées sur « moi, je » : de nos préjugés, de nos visions qui s’appuient sur le passé, les attentes de la société ; M° Dogen appelle cet esprit qui se débarrasse « un esprit sans aucune illusion, pensée trompeuse ou confuse » un esprit avec clarté – c’est-à-dire qui nous permet de voir clairement, une vue juste, et pureté- j’ajoute comme un verre complètement transparent, ou plus juste, comme l’eau pure qui prend la forme d’un contenant, puis d’un autre…

Il ne reste que le soi véritable, indépendant des jugements, attentes, critiques, etc : parfait tel qu’il est!


Plus loin dans le texte, Katagiri Roshi dit : « Prenez soin de votre nez- si vous n’aimez pas votre nez - avec compassion et bonté, comme d’un grand être, un être parfait »

« Grand être » c’est la traduction du terme « Mahasattva », le bodhisattva complètement accompli, comme Kannon, ou Manjusri-


Là, une parenthèse: je regarde sur Google voir si je trouve une une citation que je n'aurais pas à l'esprit à propos du Mahasattva, et je m'aperçois que dans Google, Mahasattva, en fait, c'est un yacht, c'est un yacht à louer, « un luxueux catamaran dans les îles vierges américaines ». Voilà si vous voulez louer votre Mahasattva.. !


Ce qui me frappe, c'est que le bodhisattva parfait, accompli désigne même des morceaux de nous-mêmes ! Il dit si vous n'aimez pas votre nez, voyez votre nez comme un bodhisattva accompli c'est-à-dire parfait. Il parle dans un autre passage de son frère qui avait un doigt abîmé et qui, toute son son enfance, s'était battu avec ce doigt si on peut dire, parce qu'il le refusait complètement et il dit mais en fait il faut le regarder comme quelque chose de parfait - comme c'est, exactement comme c'est, c'est parfait.


Donc, il ne parle pas seulement pour nous en tant que personne, en entier, mais pour des morceaux de nous-même- ces morceaux de nous-mêmes que nous refusons. Et il le dit même pour les pensées-émotions. Katagiri Roshi : « Si vous voyez la colère se lever en vous, au lieu de penser : «  je n’aime pas la colère », acceptez-la d’abord comme un grand être, car vous savez que si vous essayez de la combattre, elle devient plus forte.

Ensuite l’esprit calme, vous pourrez la voir telle qu’elle est, et la traiter avec compassion. »

 Ce qui ne veut pas dire « dorloter » votre colère, mais accepter que vous avez de la colère en vous sans vous jugez, et ainsi permettre à l’emprise qu’elle a sur vous de se relâcher.


« En s'entraînant, on peut créer un corps et un esprit merveilleux »

S’entraîner, c’est là un entrainement de l’esprit, l’esprit qui se « débarrasse » de ses jugements, etc et devient entièrement libre, vaste, fonctionnant en harmonie avec le corps, le geste, l’instant.

« Merveilleux » ne veut pas dire un corps de danseur ou de danseuse! mais merveilleux car « juste comme il est » et accepté « juste comme il est » Il est parfait lorsqu’il est « juste comme il est est », c’est-à-dire que nous n’y avons rien ajouté, rien retiré.

 A ce moment là, le corps est « plénitude », juste comme il est.

Et notre esprit est merveilleux lorsqu’il peut peut voir les pensées et les sentiments qui s’élèvent « juste comme ils sont ».

Et cet « entrainement » du corps et de l’esprit, bien sûr, c’est zazen.


« Nous nous asseyons, et nous nous rassemblons. (...) Nous faisons une offrande de nous- même. Nous annonçons notre aspiration pour la rencontre la plus profonde, celle entre l’immensité et l’individuel, entre ce qui est sans forme et ce qui existe comme forme. Nous nous trouvons là où ces deux grandes réalités pourraient se rencontrer, se mélanger, et créer quelque chose de nouveau ». Joan Sutherland Enseignante bouddhiste


« Nous ne venons pas à la pratique afin de faire de nous une meilleure personne ; nous venons pour être ce que nous sommes vraiment. » Kobun Chino Roshi



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