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  • Photo du rédacteurJoshin Sensei

Pas de rituel!

Parce que le « rituel » rebute souvent les personnes qui viennent au Zen ; et pourtant ce qui est vécu négativement comme rituel est en fait don et offrande, ouverture et richesse : sur l’autel par ex, chaque chose a un sens, chaque chose nous permet de nous « relier » à travers le temps et l’espace.

L’important est de bien trouver dans quel sens le prendre ; moi, je m’appuie sur ce gatha :

En m’inclinant devant le Bouddhas

je fais le vœu avec tous les êtres

de me souvenir que le Bouddha n’est pas sur l’autel

mais en chaque personne.

A partir de là, je peux m’incliner, offrir l’encens, chanter les soutras, etc. je ne suis plus devant une statue de bois, des objets « bizarres », mais devant tous les êtres, et j’exprime ma gratitude pour le Bouddha qui me montre cette vérité...

L'autel et les offrandes

D’abord la statue du Bouddha ;

Pourquoi un Bouddha… ? J’ai mis longtemps à le comprendre : beauté intérieure, inspiration, miroir…

Ici l’autel est un peu bas, on dit que le Bouddha devrait toujours être plus haut que nous, par respect : La deuxième signification est que, de même que l'eau coule d'un endroit élevé vers les endroits plus bas, la compassion du Bouddha coule depuis les hauteurs du monde de l'Eveil vers le bas pour bénéficier également à toute la vie dans tous les mondes.

La bougie, la lumière ! L’Enseignement du Bouddha, toujours présent qui éclaire notre ignorance : « C’est merveilleux , comme apporter une lampe dans les ténèbres.. » Le Dharma qui dissipe les ténèbres de nos esprits, les ténèbres de l’ignorance. Cette lumière en fait nous accompagne toujours.

Puis les offrandes :

L’encens

Très important l’encens, dans d'autres traditions aussi bien sûr, mais dans la tradition bouddhiste, depuis l'Inde, l’encens accompagne toutes les cérémonies ; l'encens, dans le bouddhisme, c'est ce qui a remplacé en fait le sacrifice ; dans le brahmanisme, l’hindouisme, il y avait des sacrifices d'animaux et bien sûr ça ça n'a jamais été été fait dans le bouddhisme ; on a mis à la place de l'encens, c'est à dire du parfum, alors on peut dire que ça remplaçait le parfum qui montait aux narines des dieux.


C’est aussi le parfum de l'éthique pure, la conduite juste des Bouddhas et de tous ceux qui veulent guider les êtres vers l’Eveil.


C’est la purification des lieux.


Mais plus que cela : l'encens non allumé représente le potentiel des êtres non éveillés,

Allumer de l'encens, c’est affirmer à ceux qui sont déjà illuminés ( aux Bouddhas ) que notre but est d'aider les autres à atteindre l'illumination, eux aussi.

Et une fois qu'il est allumé, la fumée éphémère reflète la nature transitoire de la vie. Offrir l''encens dans la tradition bouddhiste, c'est offrir quelque chose qui va disparaître ; c'est offrir quelque chose qui va laisser un instant une trace, un parfum dans le lieu, et puis c'est le don complet, le don qui qui disparaît complètement sans rien laisser derrière, sans laisser de traces.


Il est de tradition de regarder comment on met l'encens dans le pot à encens, alors si l’encens est bien droit, c'est que l'esprit est droit et s'il n’est pas droit, c'est que l'esprit n’est pas droit...

Alors là vous pouvez voir que mon esprit n’est pas toujours bien droit et ça je le savais même avant le bâton d'encens !

Offrande de l’eau

L’eau pure, l’eau du Dharma, l’eau qui rafraîchit le feu des passions qui nous brûle...Dans la tradition tibétaine, on offre 7 bols d’eau pour mettre fin à son avidité.

« "Le Dharma est comme l'eau, qui peut laver les souillures*. Que l'eau provienne d'un puits, d'un étang, d'un ruisseau, d'une rivière ou d'un grand océan, elle peut laver tous les souillures. L'eau du Dharma est aussi comme cela ; elle peut nettoyer les êtres sensibles des souillures de leurs afflictions."

Soutra des Significations Infinies ( Soutra chinois)

( * je n'aime pas ce mot "Souillures"… ? Difficile de trouver une autre traduction dans ce texte. En sanscrit Kleshas: Erreurs, chagrins, jalousie, etc émotions destructrices, etc- en fait tout ce qui obscurcit notre esprit ( comme une vitre sale!)- d’où aussi la nécessité de lumière) ; Les fleurs : Les fleurs représentent les qualités des bouddhas et des bodhisattvas. Aussi nous pouvons nous épanouir ( nous Eveiller) tout comme les fleurs : on a parlé des fleurs de lotus qui s’épanouissent !


Deux textes complémentaires :


- Un texte d’offrande du Sri Lanka :

Je vénère le Bouddha avec ces fleurs ;

Que cette vertu soit utile à ma libération ;

Tout comme ces fleurs se fanent,

notre corps se décomposera


- Un verset zen sur les offrandes de fleurs :

nous aspirons à ce que les "fleurs de l'esprit s'épanouissent au printemps de l'illumination ".


Après les cloches et clochettes :

- Il y a la cloche du début, qui nous incite, avec le son qui accélère, à nous dépêcher de nous occuper de ce qui est vraiment important, à venir à la pratique de la Voie, sans perdre de temps. C’ est un symbole de la voix du Bouddha et représente également la sagesse et la compassion.

- Il y a cette petite clochette posée sur son coussin, celle qui commence ou termine les assises. Ce n’est pas la façon de faire des grands temples, il y a grandes cloches et tambours, mais c'est ce qu'on utilise le plus souvent dans les petits temples.

On dit qu’on peut suivre avec son esprit le son qui va disparaissant, ainsi disparaissent nos pensées... - L’autre clochette qui accompagne le début de la cérémonie, et aussi les prosternations, qui donne un signal, et dont le son traverse le monde, indiquant que nous nous tournons vers le Bouddha… Je n’utilise pas vraiment les bonnes clochettes, mais peu importe ! C'est un peu du bricolage, cette cérémonie que je fais seule, ce qui compte, c’est moins la forme, que le coeur.

Donc la journée commence par des offrandes, c’est-à-dire par des dons : c’est commencer la journée dans un esprit de générosité, ce qui apporte de la joie. Les offrandes ont un effet transformateur sur notre propre esprit, elles apaisent notre ego-centrisme, et nous aide à faire le geste du don plus facilement le reste du temps.

C’est une journée différente celle qui commence en donnant, plutôt qu’en se préoccupant de soi !


Offrir des chants, des clochettes, la lumière de la bougie, de l’encens, des fleurs permet également de méditer sur l’impermanence et la vacuité, c’est-à-dire la nature ultime de toutes les personnes et de tous les phénomènes, en contemplant :

1. Vous, en tant que personne qui fait l'offrande, êtes vide de toute existence véritable.

2. L'acte d'offrir est vide d'existence véritable.

3. Les offrandes elles-mêmes sont vides d'existence véritable.

4. Les Bouddhas et les bodhisattvas à qui vous faites des offrandes sont vides d'existence véritable.

5. Le potentiel positif créé par l'offrande est vide d'existence véritable.


Car faire des offrandes, faire cette cérémonie chaque matin, c’est un moyen de signifier, de mettre en forme, l’Enseignement ; de partager avec ceux qui nous ont montré la Voie et ceux qui suivent la Voie aujourd’hui,

enfin un moyen de montrer notre décision de suivre la Voie. La cérémonie, le rituel, ce n’est jamais une fin en soi, le Bouddha l’a bien précisé, c’est pourquoi ce ne peut être un « rituel » vide. mais quand cette cérémonie est riche, vivante, elle est la pratique « extérieure » de la contemplation « intérieure ».


Mieux vaut offrir juste un gassho, un peu d’eau, une fleur, que faire une grande cérémonie sans y mettre tout son corps et tout son coeur. Juste allumer une bougie peut devenir la lumière dans notre vie.


En m’inclinant devant le Bouddhas

je fais le vœu avec tous les êtres

de me souvenir que le Bouddha n’est pas sur l’autel

mais en chaque personne.




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