Les préceptes : koans et coeur lumineux
- Joshin Sensei
- il y a 12 minutes
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Deuxième partie de la cérémonie traditionnelle des temples bouddhistes, lune nouvelle et pleine lune : Uposatha. Il y a deux semaines, j'avais lu le texte de M° Dogen " Reconnaitre nos fautes/erreurs".
Aujourd’hui : les préceptes.
Comment comprendre le mot « préceptes ? »
J’aime bien ce qu’en dit Okumura Roshi : « Les préceptes bouddhistes ne sont pas la «règle du jeu» qu'il faut suivre si vous voulez parvenir à être un bon bouddhiste. » Il ajoute : « Le précepte est un koan, une question qui se pose à nous et dont la réponse apparaît à travers notre mode de vie, nos activités. Pour faire cela nous devons être créatifs et flexibles . » Pas une règle inflexible mais la base d’une réflexion, comment est-ce que je veux vivre ? Et quelles sont les conséquences de ce que je dis/fais ?
Petit à petit, je me suis aperçue, qu’en fait, ce sont des aides, comme des panneaux sur un chemin, parce que, si on décide d'aller dans une direction, une direction qui va vers, pour dire vite, la compassion, la sagesse, l'attention aux autres et à soi-même, alors nous avons besoin de connaître les chemins à éviter...les choses qu'il faut éviter de faire et puis les choses qu'il faut plutôt faire.
on voit que le problème de ces préceptes- ou instructions-, c'est que dans toute leur simplicité, comme « ne pas tuer » en fait, on ne sait pas comment les appliquer dans notre vie- ni même si cela est possible.
Bien sûr, je comprends « ne pas tuer », mais où est-ce que je mets la limite ? Qu'est-ce que je fais si les souris envahissent le temple ? Qu'est-ce que je fais par rapport aux doryphores qui mangent les pommes de terre. Je dois me poser la question.
(…) Voici ce que dit un enseignant américain, Lin Jensen Sensei, qui introduit un autre élément: non pas rechercher avec notre tête, mais avec notre coeur:
« Pour un bouddhiste du Zen, un précepte éthique est une question qui doit être examinée à la lumière des circonstances, une investigation (tout à l’heure on avait un Koan, une réflexion...) (investigation : recherche qui va se poser tout au long de notre vie, pas de réponse définitive!) . Être créatif!) plutôt qu’une réponse toute faite.
Et la nature de cette investigation n’est pas tant essayer d’imaginer ce qu’il conviendrait de faire ( nous sommes limités par nos présupposés, expériences, codes etc) que de se mettre à l’écoute de son propre cœur. Après tout, c’est de ce cœur même que les préceptes sont sortis un jour. ( La base des préceptes, c’est la compassion, c’est-à-dire des actions qui aident, qui n’entrainent pas de souffrance ni pour les autres, ni pour nous))
A l’heure du choix, c’est, avant toute autre autorité, en ce cœur originel- notre nature véritable ( le Vrai Soi)- que le pratiquant du bouddhisme Zen place sa confiance. »
Pour nous aider à y voir plus clair, on a commencé à formuler les préceptes sous leurs deux formes, positive et négative.( pour nous occidentaux du 21ème s il semble plus facile d’entendre le positif- d’où l’importance d’écouter aussi le négatif ! )
Je vais lire la version donnée par Kobun Chino Roshi :
Je fais le vœu de chérir la vie, de ne pas tuer
je fais le vœu d'accepter ce que je reçois et de ne pas voler
je fais le vœu de respecter les autres et de ne pas les abuser sexuellement
je fais le vœu de pratiquer la vérité et l’honnêteté, de ne pas mentir
Je fais le vœu de pratiquer la clarté de coeur et d'esprit, de ne pas intoxiquer mon corps où mon esprit ni ceux des autres
Je fais le vœu de parler avec douceur et de ne pas blesser par mes paroles
je fais le vœu de pratiquer la modestie, de ne pas me mettre en avant aux dépens des autres
je fais le vœu de pratiquer la générosité et de ne pas être possessif des êtres ou des choses
je fais le vœu de pratiquer l'amour et la gentillesse aimante et de ne pas garder de malveillance ou de rancune envers quelqu'un
je fais le vœu de prendre soin et de choyer les Trois Trésors
Les préceptes s’appliquent de façon personnelle, à nos pensées, actions, paroles, mais aussi au niveau sociétal et global. Et là nous devons appliquer le « discernement » pour nous y retrouver…
Quelle responsabilité portons-nous dans l’état du monde, et comment développer cette clarté de l’esprit et l’amour qui nous aide à prendre des décisions, à changer…
Et pour nous appuyer sur notre esprit lumineux, notre pratique de zazen est la racine qui fait croitre l’écoute de notre propre coeur.

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