top of page
Rechercher

 La vie de la montagne

« La parfaite unité est perfection, la perfection est plénitude »

Je reviens au livre Retour au silence, avec cette phrase que je trouve illuminante !

D’abord Katagiri Roshi nous parle de la montagne ; la montagne joue un rôle important dans la pensée japonaise, c’est le lieu mystique par excellent ; les sages entrent dans la montagne, et il ne reste que la montagne !


Curieusement, il nous dit que si nous essayons d’aborder la montagne de façon logique, ça ne va pas bien réussir, il nous faut prendre en compte aussi le côté illogique de la montagne ! Ce n’est qu’à partir de là que nous pourrons vraiment : «  remplir sa gourde avec sa vie de montagnard » ! Quelle expression incroyable... Qu’on aime , qu’on pratique la montagne ou pas, ce sont des expressions qui font rêver…

Peut-on remplir notre gourde avec notre vie de...parent, compagnon/compagne, nonne, autre ?

A ce moment là, poursuit-il nous voyons tous les aspects de nous même, c’est ce qu’on appelle la perfection. Et c’est tout ! On gravit la montagne, c’est la montagne qui gravit la montagne. On vit notre vie, et c’est la vie de l’univers qui vit à travers nous, c’est la perfection, pas celle qui a des critères, qu’on peut mesurer, c’est au-delà du bien/pas bien, au-delà de toute définition. C’est « tout »- dans les deux sens du terme !


Bien sûr c’est zazen, « un avec zazen, sans laisser de traces de soi ou de zazen »

C’est tout parce que dans cette prise de conscience, toutes les idées s’écoulent. Plus d’idées, plus d’adjectifs ni de jugement -Il reste tout. Ou rien !

Notre esprit est clair et pur, mais « notre » ne signifie pas «  à moi » ! et c’est cela qu’il appelle la foi, ce rien, ce tout, qui n’est pas un « reste » puisque il n’y a plus que mouvement, le mouvement de la montagne, le mouvement de zazen, le mouvement de la vie. Plus aucune trace- pas de trace d’unité non plus… si il y a une trace d’unité, alors c’est que je suis au-dehors de l’unité- lorsque nous mettons dans notre gourde notre vie de montagnard, lorsque nous nous asseyons en zazen, il n’y a plus aucune trace d’unité. Juste un mouvement sans trace, c’est ce qu’il appelle la foi, ce qui rend l’esprit clair et pur- c’est la perfection, et la perfection est plénitude.


Le texte :

« Pour comprendre la montagne, on doit se documenter sur la montagne, mais aussi sur les nuages, les chaussures, les cordes, et l’on doit connaître sa condition physique et mentale. Si l’on accepte intellectuellement l’aspect illogique de la montagne, on peut réduire les problèmes au minimum au moment de grimper. Mais si l’on ne se fonde que sur sa compréhension intellectuelle, on fait facilement des erreurs, parce que la montagne possède un aspect illogique qui saute aux yeux dès qu’on se met à grimper. Quand les aspects logique et illogique de la montagne communiquent l’un avec l’autre, et avec nous, il se passe quelque chose. On remplit sa gourde avec sa vie de montagnard et on sait ce qu’est la vie de la montagne, la vie des arbres, la vie des nuages, la vie du ciel, et on voit les aspects émotionnel et spirituel de soi-même. C’est ce qu’on appelle la perfection.

   

En fin de compte, on gravit pragmatiquement la montagne. C’est tout. On gravit juste la montagne, et il n’y a aucune distance entre la montagne et nous. C’est la montagne qui gravit la montagne. La montagne étant notre vie, on peut apprendre à connaître notre vie grâce à la montagne. Ce n’est rien d’autre que grimper. Les illusions s’écoulent, s’éliminent naturellement. C’est ce qu’on appelle la perfection. Cette pratique rend notre esprit clair et pur.

Si l’on accepte complètement une chose qu’on ne connaît pas, elle devient claire. Telle est notre pratique : la foi rend l’esprit clair et pur.


C’est le processus continu qui consiste à regarder en face la vérité en toutes circonstances. Si l’on ne cesse vraiment pas de regarder la vérité en face, notre vie devient très généreuse, très ouverte au monde. La foi inclut aussi la compréhension, la pratique et la prise de conscience. La prise de conscience est le but ultime de la pratique bouddhiste ; elle veut dire ne pas laisser de trace de la pratique de zazen. La véritable prise de conscience est parfaite unité ; il n’y a ni moi ni zazen. Il n’y a rien qu’une activité – le mouvement de zazen et de soi.

Cette prise de conscience consiste à rendre l’esprit clair et pur. Si l’on devient un avec zazen, sans laisser de trace ni de son moi ni de zazen, comment pourrait-on penser une chose comme : « Je suis quelqu’un de bon ou de mauvais », comment pourrait-on parler de bon ou de mauvais zazen ? On ne peut rien dire. Toutes les idées s’écoulent dans la prise de conscience, dans l’unité. C’est rendre l’esprit clair et pur. Telle est la pratique ultime, la pratique intransigeante.

Finalement, la foi qui rend l’esprit clair et pur est la prise de conscience qui ne laisse aucune trace d’unité ; c’est un simple fonctionnement. C’est la perfection, et la perfection est plénitude. »


Plus de paroles !

ree




 
 
 

Commentaires


bottom of page