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  • Photo du rédacteurJoshin Sensei

L’enfer et le paradis

Pour le Bouddha, il n'y a pas une chose qu'on puisse nommer existence; tout comme « être », c’est un processus, pas une chose. Lorsque l’idée d’un « moi » est installée, elle est nourrie par les 5 skhandas, parce que je ressens désir, pensée etc, ce qui à son tour renforce le « moi », de plus en plus solidifié, ce qui renforce la croyance de plus en plus solide dans les 5 skhandas…etc! Comme une boucle de retro-action (feed back).


Si bien que très rapidement on ne le voit plus- ce moi- comme un système composé d’éléments mais comme un tout, un « soi »- solide, sûr, permanent… Gombrich (?)

Le 5ème skandha, la conscience, je ne crois pas me tromper en résumant en disant que c'est là où tout ce dont on a parlé, les 6 sens, la sensation, perception, la volition, se « coagule » en quelque sorte et cette certitude de « je, moi » apparaît.

Ce n’est pas mauvais en soi, bien sûr, on a besoin de se reconnaître en tant que personne dans le monde.

En fait, il me semble que c'est ça ,la phrase clé du texte « Lorsque l'on perçoit son ego, toutes les choses viennent à exister.. »  

Qui est suivie aussitôt de « que ces choses viennent à exister n'est pas un problème en soi, cela devient un problème lorsque nous en faisons un. » 

Ca devient un problème lorsque ce « moi » va courir vers tout ce qui est sensation agréable…


D’après un enseignant du zen: « Nos esprits sont attirés par le piège d'un bonheur durable à trouver dans ce monde. Nous courons d'une expérience à l'autre, cherchant à confirmer notre propre réalité. Mais c'est un peu comme un âne tirant une charrette, courant après la carotte attachée devant lui...Il la poursuit de toutes ses forces, mais ne l'attrape jamais! Quand il en a assez de chasser cette carotte, il arrête de courir et reste tranquille, mais à nouveau il va se remettre à essayer, parce que cette carotte se balance sans cesse devant ses yeux!

Nous aussi, nous alternons course et repos, course et repos...Mais, contrairement à l'âne, nous pouvons voir à travers la carotte suspendue sous notre nez. Quand nous y arrivons, nous reconnaissons la futilité de cette course, puis nous cherchons un moyen de nous en libérer. »


Ces 5 skandhas qui nous fait courir tout le temps ! Mais ce n’est pas dire qu’ils sont mauvais en soi, bien sûr! Et ce que dit Harada Roshi me rappelle une phrase de T N H qui commence ainsi : « Les 5 skandhas, c’est merveilleux »! Et je trouve que c'est vrai, c'est merveilleux, c'est notre vie même. C’est vrai que notre vie n’est pas merveilleuse tous les jours, mais ce qui est merveilleux, c'est que grâce aux 5 skandhas, nous entrons en contact avec le monde, nous entrons en contact avec les autres, nous entrons en contact avec la beauté, avec la générosité….


Donc, c’est merveilleux! Mais, continue TNH , et là les 2 textes se rejoignent, merveilleux sauf si nous nous les approprions : « Les cinq agrégats sont quelque chose de vraiment merveilleux, mais si avec notre esprit, nous saisissons les cinq agrégats, et disons qu’ils sont nous, ou qu'ils nous appartiennent, alors ils deviennent les cinq agrégats d'attachement et mènent à dukkha. »

Oui, si nous nous les approprions, si ce « je » devient un « je » clos, fermé, un « je » qui va courir sans cesse à la recherche de sa satisfaction, parce que ce « je » est emmuré dans ses sensations, dans ses perceptions, toujours insatisfait, toujours menacé, toujours fragile, alors cela entraîne mal-être, etc dukkha. .

Donc ce je, il est merveilleux, mais on ne peut pas se l'approprier.
Ce qui est intéressant, et fondamental, c’est que le problème n'est pas les 5 skandhas, le problème, c'est nous ce que nous en faisons ! Ce peut être source de bonheur, ou source de souffrance suivant notre compréhension, on peut vivre en enfer, on peut vivre au paradis..

L’autre façon de comprendre, celle qui nous permet de nous arrêter de courir, celle qui met fin à notre insatisfaction, à notre mal-être, c’est « Nous vivons dans un monde d’offrandes ».
Je voudrais redonner cette phrase que j'ai souvent citée, mais moi j'aime bien revenir sur les mêmes phrases, parce que je trouve qu'il faut du temps pour qu'elles entrent en nous, en fait pour qu’on les réalise vraiment.


Kodo Sawaki dit: nous vivons dans un monde d’offrandes.

« Le ciel et la terre font des offrandes. L’air, l’eau, les plantes, les animaux et les êtres humains font des offrandes. Toutes les choses se font des offrandes mutuelles. Ce n’est que dans ce cercle d’offrandes que nous pouvons vivre.  »

Voilà donc lorsque le » je » est ouvert dans ce flux d'offrandes grâce auquel nous vivons, le je est merveilleux, les 5 skandhas sont merveilleux.


Ca ne tient qu’à nous, c’est notre liberté fondamentale: Le monde dans lequel nous donnons et recevons est un monde magnifique et serein.



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