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Devenir intime avec le monde Joshin Sensei

Dernière mise à jour : 25 oct. 2020

Devenir intime avec le monde Joshin Sensei


«L'apparence des montagnes est complètement différente quand nous sommes dans le monde regardant les montagnes à distance et quand nous sommes dans les montagnes rencontrant les montagnes ».

Maitre Dogen, vous savez tous probablement que c'est ce maitre japonais du 13°s qui est à l'origine de notre école du Soto Zen.

Maitre Dogen parlait beaucoup des rencontres avec le monde ; il disait : « Quand nous sommes intimes avec quelque chose, cette chose n'existe plus et nous non plus ».

En fait, quand nous sommes séparés de quelque chose, quand nous sommes les observateurs de quelque chose, il reste « deux » et à ce moment-là il y a les jugements, l'analyse, les catégories. On peut dire telle chose est jolie, telle chose n'est pas jolie, telle chose est grande, telle chose est petite etc... Mais Maitre Dogen lui, dit : « Quand nous sommes intimes avec quelque chose, cette chose n'existe plus et nous non plus ».

Et pour moi la façon de comprendre cette phrase ça a été avec ce geste, ce salut qui s'appelle « gassho ». C'est un geste très important dans les temples, comme vous avez pu le voir pendant les cérémonies, on le fait beaucoup et je pense qu’ il a beaucoup de sens, un sens très profond. Ca veut dire par exemple, nous rapprochons de nous-même, nous nous remettons en unité. Nous sommes très dispersé(e)s. Là, je suis en train de parler donc je fais attention, mais sinon dans la journée, je suis en train de faire une chose, je pense à autre chose, j'écoute peut être une troisième chose etc... ! Et à un moment, dans ce geste, nous nous rassemblons et en même temps pour moi, ce que je comprends, en même temps nous nous rapprochons les autres et moi.

Ce geste (Sensei écarte les deux mains), il y a deux et maintenant ( rapprochant les mains) il y a un et ensuite il y a deux à nouveau parce que c'est nécessaire, et puis il y a un. Et lorsque cette unité s'est faite, alors nous nous inclinons. Ca c'est très important, car lorsque nous sommes un, alors nous pouvons lâcher prise de nous même, nous pouvons nous abandonner nous même et cela nous allons le faire à travers l'inclinaison, à travers le corps parce que notre pratique c'est avant tout une pratique qui se passe dans l'esprit et dans le corps. Maitre Dogen parle beaucoup de cette unité corps-espit.


Et alors, c'est un peu moqueur, mais c'est vrai que c'est amusant quand on est à la Demeure Sans Limites, de voir la difficulté que nous avons occidentaux à nous incliner ! On voit vite les personnes nouvelles : ça encore, oui les mains comme ça, si il faut, ok ! mais s'incliner, hum, hum !... on n'arrive pas vraiment à se baisser et il y a quelque chose de raide comme ça, du refus et c'est important parce que cette possibilité de nous abandonner nous même, de lâcher prise de nous même, elle doit passer d'abord et aussi à travers notre corps et c'est ce geste du gassho qui va devenir un approfondissement en fait de notre pratique et bien sûr c'est la prosternation comme on la fait le matin, et là encore c'est une autre étape dans la compréhension de notre pratique.

Mais pour revenir à Maitre Dogen, il dit ceci : « Lorsqu'on écoute les sons avec son corps et esprit entier, qu'on voit les formes avec son corps et esprit entier, on les comprend intimement ». Comprendre intimement avec tout son corps et son esprit, ce n'est pas observer les choses. Nous aimons rester à l'extérieur des choses, c'est pour ça qu'on a tant de mal à faire gassho. Nous aimons être sûr de la température de l'eau avant de sauter dans la piscine ! Nous aimons être sûr.e que nous n'allons rien perdre, d'une certaine façon, en nous abandonnant nous même. Mais lorsque nous accédons à cette possibilité de l'unité, de l'intime avec soi-même déjà, c'est complètement le monde qui change, car lorsque nous sommes intime avec nous même, on peut devenir intime avec les montagnes et les forêts et avec le monde. Et quand ce monde change, c'est une autre façon d'aborder notre vie qui se met en place.

Au temple, on fait gassho bien sûr devant les statues, les uns devant les autres, devant vous, devant le coussin de méditation, devant nos bols....en fait on peut faire gassho devant n'importe quoi parce que chaque chose, quand nous devenons intime avec elle, devient nous même et nous devenons cette chose et à ce moment là, faire gassho devant un bouddha, devant un zafu, un coussin de méditation, faire gassho devant une fleur, c'est toujours cette même idée de s'abandonner soi-même.

Maitre Dogen dit : « Réaliser les montagnes en tant que notre propre corps et esprit nous transforme ». Les montagnes, bien sûr, c'est toute chose, le Bouddha, le zazen, la méditation, les herbes et les cailloux, dit-il.

C'est toute cette rencontre avec soi-même qui nous permet d'aller à la rencontre du monde. Chaque chose est notre corps et notre esprit, et notre corps et notre esprit devient chaque chose. A ce moment là nous entrons, et là je m'appuie sur un commentaire d'un enseignant américain , Daido Lori Sensei qui dit: « Nous entrons dans un univers qui est sans limites, un univers qui n'a ni commencement ni fin ».

Mon corps-esprit en tant que Joshin, a un commencement et une fin mais quand je rencontre tout l'univers, j'entre dans un univers sans limites. Et il pose une question qui va être notre question quand ce confinement sera terminé, quand le Covid 19 sera plus ou moins terminé. Alors nous allons retrouver le monde, nous allons le retrouver mais pas exactement comme nous l'avons laissé avant et nous allons avoir à prendre soin du monde. Il pose cette question : « Vous n'avez ni commencement ni fin, alors comment allez - vous prendre soin des montagnes et des rivières comme de votre propre corps et de votre propre esprit, le corps et l'esprit de l'univers ? »

Comment est-ce que nous allons faire pour ne plus être deux, mais pour être intimement relié au monde, aux montagnes et aux rivières ? Pour cela il nous faut passer au-delà , il nous faut en quelque sorte casser ce moi qui est si raide, qui n'arrive pas à se baisser, qui n'arrive pas à s'abandonner. Il faut casser ces limites d'un moi si petit qu'il reste dans son propre cercle et qu'il ne peut pas devenir le monde entier.

Daido Lori Sensei Sensei dit : « Les seules limites qui existent sont celles que nous avons posées nous-même. Retirez vos oeillères, cassez les entraves, repoussez les murs de votre cage et faites un pas de plus. Quand vous avez fait ce pas, reconnaissez le, lâcher prise, et faites un pas de plus et quand vous arrivez finalement à l'éveil, en intimité avec tout votre corps et votre esprit, reconnaissez le, lâcher prise et faites un pas de plus. Ce genre de pratique est, a toujours été et sera toujours la pratique sans fin de tous les bouddhas et de tous les ancêtres. En pratiquant de cette façon vous actualisez leur être véritable, leur vie véritable, vous donnez vie au Bouddha ».

C'est ainsi que nous accomplissons, que nous « réalisons », dit Maitre Dogen, complètement notre vie, lorsque notre vie devient la vie de Bouddha, lorsque notre vie devient la vie des montagnes et des rivières, lorsque notre vie devient la vie de tous ceux qui nous ont précédés sur la Voie et de tous ceux qui nous accompagnent maintenant.

Première phrase de Maitre Dogen que j'ai cité : « L’apparence des montagnes est complètement différente quand nous sommes dans le monde regardant les montagnes à distance et quand nous sommes dans les montagnes rencontrant les montagnes ». Quand nous sommes dans les montagnes, rencontrant les montagnes, nous sommes le cerisier en fleurs rencontrant le cerisier en fleurs, nous sommes le Bouddha rencontrant le Bouddha, nous sommes l'être humain rencontrant l'être humain.

Quand nous sommes corps et esprit entier dans cette rencontre, nous sommes zazen rencontrant zazen, nous devenons sans séparation, nous sommes un sourire rencontrant un sourire et même dans un autre texte de Maitre Dogen, nous sommes un grain de riz rencontrant un grain de riz !

C'est ainsi qu'actuellement, et qu'ensuite je pense, que nous allons vraiment pouvoir prendre soin de nous- même, des autres, des montagnes et des forêts et du monde tout entier.

Un vieux moine des montagnes justement a résumé ça très bien, il dit : « J'ai jeté cette petite chose qui s'appelle le moi et je suis maintenant empli par l'univers tout entier ».

Voilà c'est un beau programme pour un week-end de confinement : pffou ! vous jetez cette petite chose qui s'appelle le moi... C'est très simple. C'est très simple pour nous car nous avons les points de départ, nous savons comment faire: il y a gassho, Bouddha rencontre Bouddha, il y a la méditation et zazen, le soi rencontrant le soi et voilà pour un bon week-end de confinement.

Merci beaucoup, bon week-end avec tout l'univers.

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