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  • Photo du rédacteurJoshin Sensei

Fin du combat- légèreté du crépuscule


Il me semble qu'en hiver- je parle lorsque nous sommes dans la nature -il y a un grand calme qui s'installe, un silence qui peut résonner en nous, lorsque la nuit tombe, et qu'il semble que le monde est en paix...et cette paix peut aussi pénétrer nos coeurs; et nous découvrons la legèreté qu'il y a à mettre fin à notre sempiternel combat intérieur...


Déjà les montagnes bleuissent: leurs formes se découpent sur le ciel encore pâle; dans les creux quelques traces de neige scintillent doucement.

Bruit d'ailes: deux corbeaux s'élèvent en croassant du champ que je longe, et le silence revient, plus profond d'avoir été troublé un instant.

Je marche en écoutant ce silence, en buvant ce silence, en le laissant imprégner et emplir tout mon corps. Me viennent à l'esprit ces mots usés: « la paix du soir » - et les mots deviennent tout neufs car oui, elle est là, cette paix, dans le grand ciel sans horizon, dans la solidité des montagnes, la courbe de la terre et le calme de la nature. Je marche dans cette paix, je marche cette paix même.


La fin des travaux, la fin de l'agir, la fin du jour: la fin acceptée, reconnue, attendue. « Il est un temps pour tout et un temps pour chaque chose sur cette terre... ».

A chacun de nous de reconnaître quand il est temps d'entrer dans la paix du soir. Il ne s'agit pas de se tromper: ce n'est pas l'ennui qui nous raconte qu'il faut s'agiter, qu'il faut dévorer; l'ennui qui nous fait croire que la tranquillité est la mort, que la vie ne vaut que par ses jeux et ses tempêtes.

Ce n'est pas l'indifférence, avec sa couleur gris sale; l'indifférence est un manquement au monde et aux autres, un tout petit espace où, replié, on essaye de croire qu'on peut encore vivre quand l'égoïsme l'emporte. Ce n'est pas la résignation, qui est la fin de tout espoir, la fin de la lumière.

C'est le calme, le calme de ce qui a été vécu et accompli. Oui, il y a eu brûlures et naufrages; oui, il y a eu douleurs d'amour, soleils triomphants et attente des rêves. Et tout cela a fait notre vie, et cela est bien.

Et maintenant nous voici - dans le bleu du soir: le coeur apaisé. Cet apaisement ne cache rien, ne regrette rien, ne fuit rien.

Le coeur apaisé, le corps apaisé, c'est un « oui » lumineux dont le silence nous emplit comme une grande joie.

Nous entrons dans la paix comme dans un havre, une douceur: nous n'en voulions pas, de cette paix, autrefois, et c'était juste car nous étions dans le temps de la construction, lorsque nous bâtissions à la fois le monde et nous-mêmes. Nous avons modelé cette terre, ce coeur, cette vie, de nos espoirs et de nos peurs, redessiné des frontières, tracé des chemins, fait jaillir des sources.

Nous avons, si peu que ce soit - et qui saurait en être juge? - laissé notre marque, ici et là par un geste, un rire, un regard.

Et que reste-t-il? ...une goutte de rosée sur un brin d'herbe, une plume dans le poids du monde. Car c'est la découverte de la légèreté, peut-être, qui d'abord nous étonne. Où est-elle cette pesanteur des jours, des attentes, des regrets?

Disparue - pour laisser la place à la transparence, comme dans ce crépuscule où les limites s'effacent entre ciel et terre.


Légèreté du coeur qui a tout donné, tout reçu, tout accepté. Légèreté de la vie qui est espace ouvert qui englobe tout, dans l'infini du « oui ».

Pas de vainqueur, pas de vaincu – comment avons-nous pu croire qu'il y avait combat?

Dans la paix du soir, déjà, la lune pleine s'élève à l'horizon...



Extrait de Tout ce qui compte en cet instant



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