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Dans l’intimité de notre vie


Dans le texte précédent du livre Retour au Silence, Katagiri Roshi nous disait : «  Le « je » doit appartenir au « je » exactement, intimement.

Aujourd'hui nous allons nous parler de cette intimité. Intimité avec soi-même, avec nos actions quotidiennes, la forme n’est pas un « moyen pour... » mais elle est profonde et insondable, et c’est notre vie sans début sans fin. Le Vide et la vie quotidienne sont cette intimité dans laquelle nous entrons dans un fonctionnement total avec tous les êtres.

« Intimité » ici n’est pas une fermeture, un repli sur soi mais au contraire, c’est à travers l’intimité avec nous-même, avec notre vie que nous entrons «  en fonctionnement total avec tous les êtres »

Ce dont il nous parle ici, comme dans tout ce livre, c’est comment vivre !



Le texte :


Une intuition intellectuelle très profonde peut nous montrer comment la vérité et le monde des phénomènes travaillent de concert. Ils ne sont pas séparés. Dans toutes les religions, on peut faire l'expérience que Dieu est en nous, que la Vérité est en nous, c'est ce qu'on appelle l’Illumination, c'est l'unité du phénomène et du noumène (la Réalité transcendante), du monde et de la vérité, de la forme et du Vide. Mais la question reste posée : comment réaliser la vérité ou le Vide dans la vie quotidienne dans la forme ? Le Vide et la vie quotidienne travaillent ensemble, mais nous ne comprenons qu'imparfaitement cette unité, cette intimité. C'est-à-dire que nous ne faisons pas directement partie de cette intimité, nous percevons l'intimité à distance. Le but ultime est entrer dans l'intimité elle-même.

L'autre fois nous avions parlé de de faire partie de la connaissance qui existe pour nous, en nous et à chaque instant de notre vie. Et aujourd'hui le but ultime est d'entrer dans l'intimité elle-même, c'est là que nous devons vivre notre vie quotidienne.


C'est-à-dire que nous devons vivre dans le monde du samsara. C'est pourquoi nous devons pratiquer après avoir atteint l'Illumination et, par cette pratique ininterrompue, comprendre que la vérité et notre vie de tous les jours travaillent intimement ensemble. Graduellement, nous pouvons le voir, pas avec nos moyens intellectuels, mais à travers notre corps et notre esprit, nous pouvons sentir à quel point leur collaboration est intime.

Alors il va passer par des exemples pour comprendre ce qui met en forme cette intimité : ce qu’il appelé l’« organisation », à base de lois, culture, éthique au niveau social, et de rites et d’habitudes au niveau personnel. C’est ce qui nous unit et nous permet de faire société, de vivre ensemble.


Dans la vie quotidienne, la forme se manifeste sous l'aspect de coutumes, d'habitudes, d'éducation, de structures sociales et d'éthique. Tout cela diffère complètement d'une culture à l'autre mais il existe et doit exister une organisation telle que les hommes puissent travailler ensemble dans la société humaine.

C'est ce qu'on appelle la culture, la constitution ou les lois. C'est également le but poursuivi ( le fait de pouvoir faire société ensemble) par des cérémonies ou des rites individuels comme le mariage ou les funérailles En participant au rite, on peut sentir intimement que ces coutumes individuelles nous unissent, c'est en réalité la qualité de cette intimité de la vie. Si nous voyons la forme à travers l'intimité, la forme devient alors un océan très serein où se reflètent les êtres sensibles. Mais à vrai dire, il ne s'agit pas d'un reflet : l'océan et les phénomènes ne font qu'un, ils fonctionnent ensemble.


Tel est le samadhi, Il n'y a pas de solution de continuité entre eux, ils sont un. La forme devient un miroir brillant où l'on voit tous les êtres sensibles fonctionner ensemble. La forme est le fonctionnement total de tous les êtres, elle fonctionne sans cesse, elle n'est que pratique.

Si vous concevez la forme comme privée de qualité, de profondeur, comme une simple feuille de papier, autrement dit si vous utilisez la forme comme un moyen, alors la forme est morte.

Parfois,les personnes dans un chemin spirituel vont avoir tendance à rejeter la forme en pensant arriver directement à la transcendance, à l’Eveil...mais les deux ne peuvent être séparés nous dit-il, la forme n’est pas un moyen, elle est la vie universelle. M° Dogen nous rappelle souvent qu’il n’y a rien à rejeter, que c’est par et aec notre corps-esprit, la forme, que nous réalisons l’Eveil.

La forme n'est pas le moyen d'atteindre quelque chose, elle est en soi très importante parce qu'en réalité, elle est profonde et insondable.


Nous pouvons participer à notre vie individuelle comme à la vie universelle dans chaque chose que nous faisons. Cette expérience de l'intimité n'est pas une pratique particulière à laquelle nous devrions nous consacrer en dehors de la vie quotidienne. Nous devons voir l'intimité dans la forme de la routine quotidienne. La routine quotidienne est la pratique de l'intimité. C'est la pratique de base qu'il nous faut poursuivre éternellement.


La pratique sans début sans fin..;pas de point d’arrivée où nous aurions dépasser la forme, nous allons « par delà » avec la forme, dans la forme.. ceci est ce qu’il appelle connaissance, ou intimité : nous faisons partie, nous ne pouvons pas nous détacher pour monter au ciel !

Maitre Dogen dit : « Quand nous sommes intimes avec quelque chose, cette chose n'existe plus et nous non plus ». Alors dit un autre M° : « Nous entrons dans un univers qui est sans limites, un univers qui n'a ni commencement ni fin ».

Alors tous nos actes quotidiens sont « Butsuji » ( M° Dogen) c’est à dire « travail de Bouddha » : c’est l’expression de la réalité ultime, mettre notre vie entière dans chaque tâche, dans chaque moment.

Vivre notre vie dans l’immensité !

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