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  • Photo du rédacteurJoshin Sensei

Eveil, illusion, sans fin...

« Satori » le mot le plus connu du japonais, popularisé par DT Suzuki : comment lorsque les Enseignements sont arrivés en Chine, si culturellement différents, ont été traduits les mots-clés ? Cela a pris plusieurs siècles, et quoiqu’on en dise, si au début on a pioché dans le taoisme, très vite il y a eu de grands traducteurs chinois qui ont cherchés à revenir au plus près du sens des soutras indiens. Puis ces « kanjis » sont partis vers le Japon, culture imprégnée de shinto, et maintenant en occident, là un abîme !


Mais approcher cette compréhension, c'est aider la nôtre, nous proposant plusieurs chemins vers l'Eveil, et comme le dit Sutherland Roshi, nous avons chacun notre propre chemin, et nous arrivons tous au même endroit... Il y a 3 termes avec des différences représentant l'équivalent de la traduction de ''satori'' , qui présentent des facettes ou des entrées différentes, même si à la fin, il y a bodhi, l’Eveil.

GO, KAKU et SHÔ. Je vais brièvement expliquer ces trois termes avec leur « étymologie » grâce à une amie calligraphe, Akiko San !





GÔ est utilisé le plus souvent dans l'expression MEIGÔ et la traduction de MEI est illusion, ignorance, donc on aura « illusion-Eveil ».

C'est un peu comme naissance-et-mort que l'on trouve dans les texte de Maître Dôgen que je traduis avec des tirets, ou bien coeur-esprit. Il y a cette possibilité en sino-japonais de créer un mot nouveau, une vue nouvelle en mettant deux kanjis ensemble.

Si pour traduire MEIGÔ je dis illusion-éveil, je dis que ce ne sont pas deux choses séparées.

En français il faut mettre des tirets, c'est un seul bloc en quelque sorte. Nous n'avons aucun mot qui puisse le traduire.

MEIGÔ et donc GÔ satori- étymologiquement deux kanjis chacun. MEI avancer dans l’incertitude, se perdre dans le futur… Illusion, ignorance. GO : le coeur-esprit, et la prière à côté, mise dans une boîte pour la protéger, lui donner plus de force !

Conserver la clarté de l’esprit pour comprendre la réalité ultime. C’est considéré comme une approche intuitive, c'est dhyana, l'approche de la vérité un peu mystique, un peu intuitive. On s’émancipe des illusions à travers la vue profonde. Mais ce sont de grands mots, je préfère retourner à l’idée de lumière telle qu’on la trouve d’abord dans les soutras indiens : « C’est merveilleux, Seigneur, c’ets comme apporter une lampe dans les ténèbres.. . » disent les disciples du Bouddha. Puis puisque nous sommes au japon, M° Dogen dit dans plusieurs textes que la lumière rend les ténèbres plus profonds, plus obscurs, on peut le voir concrètement- donc lorsque l’Eveil apparaît, grandit en nous, nous prenons davnatge conscience de la profondeur de notre ignorance : MEIGO, Eveil, illusion sans fin...

Ensuite, nous avons KAKU, qui est plus souvent relié à MÛ- ou YUME du rêve. C'est l'éveil du rêve. KAKU est le satori en tant que l'on s'éveille du sommeil, que l'on s'éveille du rêve. C’est l'éveil/réveil de l'esprit de son sommeil spirituel et donc un éveil à une réalité ou à une vérité jusque là inconnue. Il s’«écrit avec le signe d’une école, d’un lieu d’apprentissage et à côté connaître, compendre. C’est un peu la petite lampe « Euréka » qui s »’llume ds les BD, qiuand on comprend, réalise quelque chose ! Et là le quelque chose était toujours là, et nous nous étions endormis, yeux fermés, devant !

Et enfin SHÔ, le terme le plus utilisé par Maître Dôgen dans le Shôbôgenzô pour transcrire le satori.

Il s’écrit toujours en deux signes qui combinés donnent la cause, l’effet et le résultat, c’est à dire en japonais courant, il veut dire prouver, vérifier, porter témoignage de quelque chose. C’est le terme le plus concret des trois. En tant que « satori », SHÔ se traduit par la vérification personnelle, directe de la réalité à travers son corps-esprit. Il y a un côté très concret. On retrouve tout à fait Maître Dôgen.

Mais aussi un paradoxe : car si on prend les deux sens de vérifier, le fait de vérifier, ce qui vérifie, et aussi ce qui est vérifié et SHO, c’est les deux. Il n’y a pas quelque chose qui « va vers » vérifier. Et quelque chose qui est vérifié.

C'est déjà présent, c'est une seule chose. Ce qui est vérifié est déjà lui-même, ce qui vérifie est ce qui est déjà vérifié. Il n'y a pas d' espace entre les deux.

C’est ce que M° Dogen montre dans l’expression « SHUSHÔ » pratique et Eveil. Le point de départ c’est sa toute première question : Pourquoi pratiquer si nous sommes déjà éveillés ? Et c’est le vieux tenzo du monastère en Chine qui va lui montrer la réponse : il n’y a pas d’Eveil hors de la pratique.


Car la pratique est à la fois ce qui vérifie l'illumination mais ce qui est vérifié par l'illumination. La pratique vérifie l'illumination mais cela la vérifie parce que l'illumination était déjà présente dans la pratique au départ.


Autrement dit la non-dualité de la réalité ultime, l'illumination, l’Eveil oblige, entraîne... amène les pratiquants à mettre cette non-dualité, cette vision unifiée de toutes les choses, la Réalité non-duelle, en pratique dans un monde de dualité des choses, de la vie quotidienne, c’est le travail du tenzo, du samou : toutes choses sont vides mais on lave le riz en triant le grain et les petits cailloux !

C’est SHUSHÔ ICHI NYO: « ICHI »: un, et NYO « tel quel, semblable, unité... » la pratique porte témoignage de l'Eveil et l'Eveil porte témoignage de la pratique. Alors si je fais la vaisselle, est-ce que je suis éveillée ? Ou bien , si je suis éveillée, alors je fais la vaisselle ? !


Eh bien, non ! Ce n’est pas la pratique qui fait apparaître l’Eveil, la pratique ne dépend pas de l’Eveil, ni l’Eveil de la pratique .

Pour expliquer autrement : M° Dogen dit toujours : « de tout coeur », quoique nous fassions, nous devons le faire « de tout coeur », complètement, entièrement. C’est: « la chose en son entier ».

Mais faire la vaisselle de tout coeur ne signifie pas la faire très consciencieusement – ni pas consciencieusement ! Ni la faire lentement, ni la faire vite, mais ce serait comme Shinjin Datsu raku : abandonner corps et esprit.

Quand corps et esprit ET Eveil sont abandonnés… il ne reste que la vaisselle ! - ou planter les pommes de terre, marcher, faire zazen, dormir, faire du vélo dans la campagne, se prosterner...Tout est vérifié, tout est « tel ». Tout est entier, complet. C’est gassho.

Pas grand chose à vous offrir:

juste une fleur de lotus

flottant sur un petit bol d'eau...


Ryokan




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