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  • Photo du rédacteurJoshin Sensei

Agir dans le monde

Ce que le Parinirvana Soutra peut nous montrer : il est possible à la fois d’agir dans le monde et être en paix.

Après son Illumination, les textes nous disent que le Bouddha est entré dans le « Nibbana » (Nirvana). De même, nombreux seront ses disciples qui, à l’écouter, connaîtront aussi l’Eveil et le Nibbana.

Je ne vais pas essayer de définir ce qu’est le Nirvana, des livres et des livres qui en parlent ( cahier de l’Herne par ex) - la conclusion est qu’on ne peut le définir, justement. Mais on peut enlever quelques idées fausses que nous avons probablement ;

Nirvana : devenir comme un arbre mort ? Vivre sur un petit nuage ?


Devenir comme un arbre mort : plus d’ émotions, plus de sentiments, donc plus de joies…nous sommes « morts » à l’intérieur...Qui voudrait cela ?! Histoire de la vieille femme et du moine :

une vieille femme a construit un ermitage pour un moine, qu’elle loge et nourrit depuis des années. Un jour, curieuse de voir où il en est de ses progrès spirituels, elle demande à sa petite fille, une belle jeune fille de 20 ans de lui apporter sa nourriture, de l’enlacer et de lui demander ensuite : « Alors , maintenant ? »...La jeune fille s’exécute et le moine lui répond : « Un vieil arbre sur un rocher froid au coeur de l’hiver ». Quand la vieille femme apprend cela, elle est furieuse : « Et dire que je nourris cet incapable depuis tant d’années ! » ; elle le met dehors et met le feu à la cabane...Et pourquoi ? Est-ce que le moine aurait dû répondre à la passion ? Bien sûr que non ! Elle s'est bien rendu compte que le moine prétendait , qu'il faisait l'intéressant mais ne connaissait vraiment rien à l'Eveil ni au Nirvana...car prétendre être "un arbre mort", c'est l'exact opposé de l'Eveil qui est être pleinement, complètement vivant. Un moine éveille aurait su trouver la réponse juste, pleine de compassion, à la fois pour la jeune fille, la vieille femme, pour le riz, tous ceux qui l'ont nourri, pour la cabane..?.pour tout! Sans coupure, sans séparation.

Et la vieille femme met le feu, car elle a compris que les passions brûlent encore dans l'esprit de ce moine, comme le disent les Textes: " un feu qui brûle sur notre tête"... Alors que , dans le Nirvana, vous vous souvenez du riz nibbané, c'est au contraire, être rafraîchi, être reposé, l'esprit tranquille mais prêt à répondre à tout ce qui se présente.

Ou bien sur un petit nuage ? Nous voyons alors le Nirvana comme une perte, comme une séparation d’avec les autres, une indifférence…

Le Dalaï Lama dit que la Libération, autre terme pour Nirvana, est « l’état de bonheur durable, la seule paix véritable ».

Nous aussi nous connaissons le bonheur et la paix. Nous pouvons avoir l’esprit en paix, nous sentir en paix avec le monde et les personnes qui nous entourent, et cet état va durer...plus ou moins longtemps !

C’est l’histoire de l’ermite : après des années de méditation intensive dans sa cabane près du lac, loin dans les bois, l’esprit apaisé, il redescend en ville - l’histoire ne dit pas pourquoi ! Et là, à l’entrée, jour de marché, beaucoup de monde, quelqu’un le bouscule, un autre lui écrase les pieds : et il se met en colère !


Ce que nous appelons « paix » est souvent un état qui dépend des conditions extérieures, et pas de l’intérieur… alors quand l’extérieur change, l’intérieur aussi... Mais lorsque c’est vraiment une paix venant de la fin de dukkha, à travers la compréhension profonde – prajna- et la méditation- qui nous ouvre à la compassion- alors cette paix n’est plus dépendante de ce qui se passe, nous sommes enracinés dans cette paix, nous sommes stables, il n’y a plus de retour à l’agitation et aux Trois Poisons.


Mais alors, faut-il donc se couper de l’extérieur ? ...être sur un petit nuage ? Pas du tout ! Être en paix n’est pas être indifférent à ce qui nous entoure- c’est plutôt ne plus y ré-agir en partant de nos émotions, ce qui complètement différent ! La différence infinie entre « indifférence »- aucune compassion, aucune action, et « équanimité », cette notion difficile à comprendre qui permet d’agir dans le monde de façon juste, sans nos préconceptions, nos projections, nos habitudes ( personnelles et sociétales) mentales.( en fait c’est cela que nous allons perdre, et ce n’est pas une grande perte, mais une légèreté!)

Lilian Silburn l’explique ainsi :

« Le Sage ne projette plus rien à l’extérieur de lui-même, mieux encore, il ne se projette plus à l’extérieur […] Ce qui ne signifie nullement que le sage soit replié sur soi et ne s’intéresse plus qu’à soi. »


Agir sans se projeter à l’extérieur ! Agir sans partir de ses propres idées, sans projeter ses attentes, ses émotions, ses buts...Et pourtant être ouvert aux autres, à la situation présente, agir à partir de la compassion, et de la vision du flux, du changement...Agir sans attachement pourrait-on dire si on ne comprenait le plus souvent « sans attachement » comme sans sentiments, sans amour ! Faux...sans attachement à soi-même, , pour reprendre les mots ci-dessus « sans attachement à ses propres idées, ses attentes, ses émotions, ses buts... »


Un des Samyuta Nikaya dit:

Le Bouddha montre : « ... l’agitation à travers l’attachement et enseigne la non-agitation à travers le non-attachement. » Saṃyutta Nikāya


L'agitation à travers l'attachement, c'est nous! nous sommes si attachés à notre opinion, à nos croyances, que nous nous agitons sans cesse, pour que les autres les partagent, ou mieux encore , les suivent. Et comme les autres font la même chose...!

Lorsqu'il n'y a pas d'attachement à ces opinions, etc, càd à notre idée de "moi", ce que j'aime, ce que je n'aime pas, lorsqu'il n'y a plus un "moi" séparé du reste, nous n'avons plus besoin de cette agitation. Nous sommes fluides pour répondre à ce qui se présente - on a bien dit: pas indifférence!- et nous sommes légers, débarrassés de cette valise de mental que nous trimballons.


Une première approche, toujours à travers le Parinirvana Soutra » : comprendre « Nirvana » déjà en suivant le Bouddha dans ses dernières journées qui sont un peu comme un condensé de sa vie, comme si on retrouvait les différentes étapes de sa vie en accéléré. Jusqu’au bout, il se déplace, il fait des rencontres, il enseigne. Il prend soin des moines, de la Sangha, des visiteurs . Il est présent et agissant dans le monde.


Aller vers la Libération- le Nirvana- sans être encombrés par nos idées fausses, que ce soit celles sur le Nirvana comme indifférence ou comme perte totale de toute vie et de toute participation au monde, ou nos idées sur « moi »/l’autre, la séparation, mais à travers l’exemple du Bouddha, être prêt.e à tourner notre point de vue : ne plus agir à partir de nous-mêmes, mais des autres ; prendre conscience de notre erreur de perspective qui nous fait nous appuyer sur « moi », et poser enfin notre valise, celle que nous trimballons partout, tout le temps, pour avancer librement, et répondre, dit le Zen, à tout ce qui se présente, joyeusement et sans peur !

C’est le dernier voyage du Bouddha, c’est son dernier enseignement, c’est notre première étape dans le Chemin !


Regardez le sourire du Bouddha...







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