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  • Photo du rédacteurJoshin Sensei

Tout à coup le printemps est apparu! Jokei Sensei

Je me promenais en contrebas du Betsuin lorsque, tout d'un coup, un magnolia est apparu au loin. Rempli de fleurs couleur vieux rose. En me rapprochant, j'ai réalisé que c'était un cerisier du Japon. Cet arbre était tellement fleuri avec ce rose, cette couleur si éclatante, que j'ai ressenti une joie immense m'envahir.

Tout à coup, le printemps était juste là et non pas seulement en face de moi mais en moi aussi.

Ce bien-être intérieur m'a fait réfléchir à quel point il est important de se tourner vers le beau quand on vit des moments difficiles. Même si notre situation à Valence est enviable pour beaucoup, comme tout le monde il y a une forme de stress, d'attention particulière qui n'est pas toujours évidente à gérer. Et là, une grande paix m'a envahit.

C'est pourquoi cette sensation de joie était vraiment bienfaisante et j'ai réalisé qu'il est aussi important d'accueillir totalement ces instants de détente, ce bien-être assez égoïste c'est vrai.

Accueillir la beauté dans tout son corps, son cœur et son esprit parce que cela nous rend beaux à cet instant. Je veux dire que la beauté inhérente pénètre dans cette brèche de notre bouclier, notre carapace pour s'épanouir.

Ce n'est pas une évasion, mais une rencontre.

« ! Il est là le printemps, il est là, éclatant ! » Et je me dis... rien !

C'est ensuite, avec le recul que je l'ai vu : comme si le printemps de l'arbre rencontrait le printemps de Jôkei.

Je ne faisais plus face au printemps, j'étais le printemps, à ce moment-là.

Comme un temps suspendu.

Sans passé, ni futur. Il n'y a plus de bourgeons et pas encore de feuilles ni de fleurs fanées.

L'expression pure du printemps dans toute sa force, toute sa vitalité, son énergie à travers le multitude de fleurs à la couleur éclatante.

C'est le vivant de l'arbre qui fait écho au vivant de Jôkei.

Il n'y a aucune pensée parasite comme par exemple : « Tiens, c'est déjà un vieil arbre », ou bien « Il va bientôt perdre ses feuilles », etc. Toutes ces pensées qui nous font anticiper, nous préparer, prévoir.

C'était juste dans ce moment suspendu où les trois temps ne font plus qu'un, que nous pouvons réaliser, vivre de l'intérieur (comment mettre des mots?), l'éphémère, la fragilité du vivant et en même temps cette énergie généreuse, ce don, et cela nous touche profondément.

Hier au Japon, le 8 avril, c'était à la fois la fête des fleurs et la fête de la naissance du Bouddha. A cette occasion, dans notre école Sôtô Zen, les gens vont dans les temples pour baigner le bébé Bouddha, qui serait né dans un jardin de fleurs à Lumbini.

Il y a une statuette d'un bébé Bouddha, en général à l'entrée du temple. Ses pieds reposent dans une décoction d'hortensia sucré et avec une louche en bois, on lui verse le mélange dessus. C'est très doux, le geste est fait avec tendresse comme un geste murmuré, c'est très paisible.

L'arrivée, les premiers pas du printemps et la naissance du bébé Bouddha arrivent ensemble. C'est la force du vivant, de ce don comme une offrande.

Une des questions qui revient souvent et sous différentes formes est : « Comment un être humain pourrait-il purifier un bébé Bouddha ? » Après cette expérience de cerisier japonais, je me demandais si ce n'était pas plutôt le bébé Bouddha, ou le cerisier japonais qui nous lavaient, qui nous purifiaient ?


A moins que le bébé Bouddha, le cerisier Japonais, la louche, la décoction et la personne ne soient qu'un. Auquel cas, il ne reste plus que l'expression naturelle du vivant et cela nous rend heureux.

Haikus de Issa :

« Où que soit Kannon, Partout Il y a des fleurs de cerisiers »

« Quelle étrange chose D'être ainsi vivant Sous les fleurs de cerisiers ! »

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