Accueillir le changement : les saisons de l 'Eveil

« Il y a des saisons dans l'Eveil, ce n’est pas un état immobile à atteindre. L'hiver de l'Eveil est cristallin dans sa pureté. » nous dit J.Sutherland Roshi. En effet, lorsque la neige recouvre tout, les différences s’effacent ; tout comme la compassion du bodhisattva s’adresse à tous également, c’est pourquoi on appelle ce paysage de neige « le manteau de Kanzeon ( ou Kwan Yin).

L’Eveil dit-elle, « quelque chose qui se déploie tout au long de notre vie ». L’Eveil suit le changement des saisons et les changements de nos vies. Nous pouvons alors « faire confiance au chemin et dire oui à chaque saison. »

Dans notre désir d'Eveil, il se peut que nous espérions arriver à un état de perfection qui ne changerait pas, ce qui résoudrait le problème de ce changement constant qui trouble nos vies. Mais si nous voyons où nous en sommes avec l'Eveil, comme quelque chose qui se déploie tout au long de notre vie, nous comprenons que nous sommes tous au milieu d'une longue marche à travers des terrains variés.

Alors, nous acceptons les changements dans notre vie, lorsque nous acceptons les formes différentes que va prendre l’Eveil selon les circonstances que nous rencontrons. C’est un « lâcher prise » donc, basé, comme tous nos lâcher-prises, sur la confiance- nous avançons en confiance sur le chemin de l’Eveil, sans calcul, sans attentes...

Le texte : Il y a des saisons dans l'Eveil. L'hiver de l'Eveil est cristallin dans sa pureté. La neige, parfois appelée le Manteau de Kwan Yin (Kanzéon), recouvre toutes les distinctions, les différences et les caractéristiques d'un blanc ininterrompu, et notre regard se détend. C'est la sagesse de l'égalité : elle est brillante et un peu froide.

   Puis, si nous le laissons faire, vient le printemps, avec son exubérance, sa profusion, révélant la chaude sagesse de la différentiation. Maintenant, les distinctions entre les choses, la beauté particulière de chaque chose, voilà l’important. Si dans l'hiver de l’Eveil nous aimons chaque chose également, c'est dans son printemps que nous aimons chaque chose pour ce qu'elle est.

   L'Eveil a aussi ses marées et ses courants. Nous devenons souvent inquiets, ou découragés, quand il semble que rien ne se passe dans nos vies spirituelles. Mais qu'une chose n'apparaisse pas dans notre conscience ne signifie pas qu'elle n’existe pas. Quand le champ est en jachère, nous pouvons apprendre à avoir confiance qu'il se passe des choses en-dessous, dans l'obscurité, invisibles à nos yeux. En fait, il est essentiel qu'avec la lumière existe aussi l'obscurité silencieuse, quand les éclats brillants ont été assimilés et sont devenus une partie du tout.

Nous pouvons apprendre à nous fier à l'implacable dénuement de l'hiver, comme aux bourgeons éclatants du printemps, comme le font les plantes, dénudées jusqu'à leur racine, puis fleurissant à nouveau. Dire oui à chaque saison, à chaque marée de l'Eveil signifie que nous marchons toujours sur la Voie : alors qu'il y a des moments que nous ne comprenons pas, il n'y a pas de détour, pas de raison d'être déçu.

Bien qu'elle soit parfois obscurcie par les nuages, il n'y a que l'aube naissante, dans laquelle nous marchons.

J.Sutherland Roshi Shambala magazine

Ce qui m'a frappée dans ce texte, c'est que le mot qui revient le plus, mis à par «  Eveil », est « trust » : confiance, faire confiance, se fier à...et deux fois dans l'expression : «  apprendre à faire confiance ».L’hiver, et cette période de Noël, est un bon moment pour que nous apprenions à faire confiance à ce qui nous accompagne à chaque instant à travers les changements de nos vies, « cette aube naissante », aux reflets de neige et de soleil, dans laquelle nous marchons, accompagné.e de tous les êtres, et de tous les oiseaux....