Science : « L'oeil est l'organe de la vision. Il capte la lumière et les images, les transformant en signaux électriques vers le nerf optique. Ces signaux sont ensuite « enregistrés » par notre cerveau qui traduit les informations et nous renvoie les images traitées, nous permettant ainsi d'interpréter notre environnement. » Cerveau neutre ? « Non, interprétation »
Pratitya samutpada- la production conditionnée :
le contact des organes des sens, ici l’oeil, avec son objet : fleurs-conditionne le ressenti- agréable/désagréable /neutre fondé sur ça me plaît/ça me plaît pas- c’est beau/c’est pas beau- un jugement d’après mes goûts,mes expériences, etc
qui conditionne la soif j’en veux encore, j’en veux plus c’est à moi...etc... qui conditionne l’attachement : je veux le garder, n’y touchez pas, c’est à moi...problèmes (dukkha) !
On a déjà vu ce sujet : « Que dans le voir, il n’y ait que le voir »...
Que se passe-t-il, nous demande Harada Roshi, si j’en reste au contact ? Si je ne mets pas en marche mon esprit, parce que le propre de l’esprit, on nous le dit, c’est : « interpréter notre environnement : dangereux /pas dangereux...mais aussi me plaît/me plaît pas, c’est trier : beau /pas beau- j’en veux/j’en veux pas.
Est-ce qu’on peut saisir ce moment infinitésimal où on passe de « contact » à « ressenti, soif etc » ? On peut, mais ce n’est pas facile… S’exercer parce que si on ne conduit pas son esprit, c’est lui qui nous conduit ! Ca aide si on le fait dans un endroit nouveau parce que le contact est plus fort- on peut essayer dans une boutique de qqc qu’on aime, et là vous allez voir à quel point ça va vite du « contact » à « je le veux » ! Il faut s’exercer si on ne veut pas rester « attaché.e » !
Deuxième point :
Harada Roshi parle de « discrimination » : à ne pas confondre avec « choix ».J’ai des choix à faire à chaque instant- mais sur quoi, les baser ?Si je me base uniquement sur moi : je veux/je veux- j’aime/j’aime pas pas: discrimination qui va m’empêcher de voir vraiment ce qui est devant moi. Je vais prendre l’exemple de la cuisine dans les temples, un lieu important, j’en ai parlé.Si le/la responsable « tenzo » n’aime pas telle chose, et choisit de ne pas la cuisiner, c’est discrimination !
Quand le matin, le tenzo choisit ce que la Communauté va manger, il va s’appuyer sur : ce qui est disponible, le nombre de personnes, l’équilibre alimentaire, etc : c’est un choix.
En fait je crois qu’on sait très bien faire la différence. ( mais pas toujours envie, et on a vite fait de dire « choix »!)
Enfin, Harada Roshi termine en nous disant : « Quand on laisse les 6 fonctions des sens ( 6 : puisque le « penser », la fonction de l’esprit, est incluse) être ce qu’elles sont, c’est l’état le plus paisible. »
Je ne sais pas si cette idée de « paisible » est attirante pour nous tous, mais quand même… ça fait du bien par moments d’être « paisible »...et c’est sans doute la meilleure façon pour être pleinement dans le monde, avec tout ce qui existe, plutôt que coincé.e dans sa tête !...Un peu d’air…
Et le paradoxe ? Un choix ou une discrimination ? Le paradoxe, c’est moi qui l’ai fait cette semaine, parce qu’après avoir lu ce texte , y avoir réfléchi, l’avoir commenté, eh bien pour l’illustrer dans le blog, je me suis vue en train de chercher dans mes photos une « belle » image de fleurs- et là j’ai pensé : « ah ! Ressenti - jugement ! »
Ressenti parce que c’est une image que je trouve belle, une grappe de lilas, que ça rappelle le printemps, un peu de nostalgie pour le parfum, etc !
Et j’ai pensé que le monde est plein de couleurs, que le monde est beau. Pourquoi le refuser ? Et que peut-être je peux voir cette beauté, la reconnaître, garder l’esprit tranquille, à deux conditions :
la première serait de ne pas attraper ! Ni dans la réalité « c’est à moi, je le veux! » ni dans ma tête - printemps, fleurs, tristesse de l’hiver, quand le printemps, pourquoi je n’ai pas de lilas chez moi, etc etc... »
Et ensuite, peut être qu’on peut accepter le monde avec le lilas, qu’on aime, et aussi ...par ex les betteraves, qu’on n’aime pas ! Et si on accepte les deux, alors on peut, je pense, demeurer l’esprit paisible dans la beauté du monde...
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