Cette solitude est peut-être un fait, mais elle est avant tout un sentiment et un sentiment peu attirant.
Avec la mort et le non-sens, la solitude est l'un des 3 fléaux majeurs ; comme les 2 autres, elle exerce sur nous une sorte de fascination. Instinctivement, nous sentons qu'elle est l'une des portes qui peuvent nous donner accès au mystère.
Je ne parle pas de la solitude médiocre que je connais bien aussi mais de la solitude plénière, quand nous sommes en mesure de l'accepter. Même à supposer qu'elle nous soit imposée par des événements tragiques, à l'encontre de nos désirs et de nos projets les plus chers,
et même si nous ne sommes pas prêts intérieurement, il peut arriver que la grâce nous pousse à la vivre quand même. A d'autres moments, il revient à notre décision d'entrer dans ce tunnel si sombre et de le traverser. La méditation zen est l'un des exercices qui permettent de le faire.
La méditation zen est un temps de de rencontre silencieuse avec nous-même sans tricher.
Nous nous refusons de meubler ce temps avec des lectures ou des pensées, nous renonçons à l'utiliser pour élaborer un projet, nous nous refusons à ruminer nos souvenirs, toutes ces questions hors de propos qui ne cessent d'affluer avec violence.
Patiemment, inlassablement, nous repoussons tout cela, comme nous repousserions un enfant qui sans malice demanderait à occuper notre attention et notre territoire.
Nous avons rendez-vous avec notre solitude car nous avons à faire un ou plusieurs deuils et en même temps à être fait par eux. A elle seule, notre volonté n'en serait pas capable, bien que nous pressentions que ce tunnel débouchera un jour sur notre accomplissement spirituel.
L'enjeu est trop gros, les freins sont trop puissants pour nos simples forces humaines. Cependant le concours de notre volonté est indispensable pour préparer le terrain pour rester branché point car cela prend du temps pour que l'événement intérieur se déclenche.
Et puis voilà que tout d'un coup, sans crier gare, la solitude nous est donnée.
B Rérolle
Le Japon du silence et la contemplation du Christ
Prier corps et âme
Observant la lune à l’aube
solitaire suspendue entre ciel et terre
je me connus complètement
rien n’est laissé e côté
Izumi Shikibu Japon 10ème s.
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