Sommes -nous, en tant que pratiquants de la Voie, concernés par la catastrophe environnementale? Oui, absolument: nous sommes des êtres de la forme, vivant dans le monde de la forme, sans être séparés de tout ce qui nous entoure...
Danse...
protozoaire je me souviens du fond tremblant de la mer remontent les mémoires sans pensée sans volonté algue je me souviens vague après vague dans le chuchotement sans fin eau et cellule cellule et eau sans séparation sans coupure sable miel
portée ici ou là rochers bleus de l'aube amibe transparente sans peau épaisseur d'une larme goutte d'océan paupière pâle formée et transformée dans la danse de Shiva je me souviens.
Joshin Sensei
Les Enseignements nous montrent notre illusion de la séparation. Nous pouvons , à travers une compréhension profonde, un" Eveil", comprendre et réaliser notre véritable place dans le monde. Nous chantons le matin: Aussi innombrables que soient les êtres vivants, je fais voeu de les sauver tous..."
Ce voeu sans limite existe aussi je crois dans le monde la forme " Ne pas tuer, ne pas prendre la vie", premier précepte.
Les paroles de M° Dogen nous permettent cette prise de conscience de notre être véritable: "J’en suis venu à réaliser clairement que l'esprit n'est rien d'autre que les montagnes, les rivières et la grande terre, le soleil, la lune et les étoiles." Maître Dogen
Pour Dôgen Zenji et les bouddhistes zen au sens large, la Voie est l’ouverture à la myriade d’êtres et de phénomènes. Chaque être certifie ma nature ultime, mais dès que je cherche à contrôler autrui, je m’illusionne, comme nous le rappelle cet extrait du Genjôkôan :
“Aller au-devant des dix mille dharmas dans le dessein de les expérimenter et des les éveiller est illusion.
C’est lorsque les dharmas nous poursuivent et nous pratiquent qu’il y a Éveil”.
Lorsque le moi va au devant d’autrui en s’imposant naît l’illusion qui engendre notamment les comportements à l’origine de la destruction de notre planète et des êtres qui la peuplent.
D’autre part, s’éveiller ne consiste pas uniquement à apprendre d’une autre personne. Lorsque l’on s’oublie soi-même, la myriade d’êtres et de phénomènes nous renouvelle maintes et maintes fois sans cesser de nous enrichir.
Cette régénération continue ne se réduit pas à ressentir l’unité de l’univers.
Ainsi, les étoiles dans le ciel des Tropiques miroitent dans l’azur de mon esprit et le vent frais libère mes oreilles.
De telles expériences ne sont ni philosophiques ni l’apanage de la tradition orientale. (...)
Dans la pratique consistant à communier ainsi, la troisième personne – il, elle – cède la place aux je et nous.
Ainsi, quand Dôgen Zenji affirme que l’autre n’est autre que moi-même, il inclut les montagnes, les rivières et la terre. (...)
Cette empathie profonde est une manifestation de la compassion.
Si nous revenons une fois encore au passage suivant du Sûtra du Diamant :
“Cultiver un esprit qui ne s’appuie sur rien”, nous comprenons que “sur rien” renvoie au tréfonds de l’expérience la plus pure, en ses qualités de repos et de paix intérieure. “Cultiver” signifie “manifester” dans le sens d’ “être ferme dans ses positions” et contenir les dix mille phénomènes. Pour le pacifiste ou l’écologiste, le message du Sûtra du Diamant serait le suivant :
“Depuis ce lieu de quiétude fondamentale, agissez en tant qu’hommes et femmes de paix. Manifestez-la là où on voudrait la détruire.”
R.Aitken Roshi Extrait de « Agir zen », Editions du Relié 2003.http:// www.buddhawiki.fr/bwiki/bin/view/ RevuesDharma/D48A20
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