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Sans séparation

Photo du rédacteur: Joshin Sensei Joshin Sensei

Aujourd'hui, j'aimerais partager un texte que je trouve extrêmement lumineux de Thay, Thich Nath Hanh; c'est un texte qui en fait nous montre comme on a parfois une compréhension incomplète. C'est un texte qui parle du Refuge dans les Trois Trésors (Joyaux) et qui en donne une approche, compréhension complètement nouvelle. Parce que c'est vrai, on a souvent l'impression que, voilà, il y a quelqu’un devant l'autel et puis sur l'autel, il y a une statue et puis on se tourne vers l’autel, et il y a cette séparation entre les deux. En fait, c'est une idée complètement fausse et ce texte de Thay, je vous conseille de l'écouter même si, et surtout si, vous ne comprenez pas pourquoi on se tourne vers l’autel, et vous n'aimez pas cette notion de « Refuge », un mot aussi très mal compris : non, Refuge, ce n'est pas comme un bébé qui va se réfugié à l'abri, mais c'est exactement l'endroit où l'on vit, tous, nous vivons à l'intérieur justement des Trois Trésors sans séparation.


Donc si vous n'aimez pas les Trois Trésors et cette idée du Refuge, si vous ne comprenez pas, écoutez, je vous en prie ce texte parce que je pense qu'il lève tous les doutes et toutes les incompréhensions.

« Quand je dis « Je prends refuge dans le Bouddha » j'entends aussi : « le Bouddha prend refuge en moi » ; « Je prends refuge dans le Dharma ; le Dharma prend refuge en moi » ; «  je prends refuge dans la Sangha ; la Sangha prend refuge en moi. » 

Voilà ces mots que nous allons déplier...


«  Lorsque nous disons : je prends refuge dans le Bouddha, il faut aussi comprendre que le Bouddha prend refuge en moi parce que sans cette seconde partie, la première n'est pas complète. 

Le Bouddha n'a pas besoin de nous pour son Eveil, mais pour aimer et comprendre toutes les choses, pour cela, il est nécessaire que ce soit des choses réelles, les êtres, les arbres, le chant d’un oiseau, pas seulement des concepts, avec un effet réel dans notre vie. 


Quand je dis « Je prends refuge dans le Bouddha » j'entends aussi : « le Bouddha prend refuge en moi ». Il y a une autre phrase semblable qui dit 

« Je me confie à la terre; la terre se confie à moi; je me confie au Bouddha; le Bouddha se confie à moi ».

Dire « je me confie à la terre » c'est comme  « je prends refuge dans le Bouddha » -  je m'identifie à une plante. La plante va vivre ou mourir avec la terre, la plante prend refuge dans la terre et dans le sol mais lorsqu'elle se confie à moi, à chaque moment, quand elle fane et se décompose, elle enrichit la terre. Nous savons que la surface de la terre, l’humus, est très riche et que c’est très bon pour la croissance de la végétation : lorsque notre terre est d’une belle couleur verte, c’est dû à la végétation. Ainsi, bien que là végétation ait besoin de la terre, il y a besoin de la végétation pour créer une belle planète et lorsque nous disons « je me confie à la terre » moi comme la plante, je dois entendre l'autre version « la terre se confie à moi ». 


« Je me confie au Bouddha... » le Bouddha et moi se confiant l’un à l’autre, nous comprenons que la sagesse, la compréhension et la compassion du Bouddha requièrent que tous les êtres reviennent à la réalité de la vie ; c'est notre tâche la plus importante : nous éveiller et atteindre la compassion , atteindre la compréhension.

Nous sommes tous Bouddha parce que ce n'est qu’ à travers nous que la compréhension et l'amour deviennent tangibles et efficaces .


Un maître vietnamien fit de grands efforts pour aider les autres, il était un vrai Bouddha parce qu'il a pu aider des dizaines de milliers de personnes victimes de la guerre. Grâce à lui l'Eveil, la compréhension et l'amour sont  des choses réelles; pour cela nous pouvons l'appeler un corps de Bouddha, un Bouddhakaya. 

( Kaya = corps en sanscrit et pali).Pour que le bouddhisme soit réel, il est nécessaire qu'il y ait un Bouddhakaya, c'est-à-dire une incarnation de l'activité d'Eveil sinon le bouddhisme n'est rien que paroles . Lorsque nous nous éveillons, lorsque nous comprenons, lorsque nous aimons, chacun de nous est un Bouddhakaya. 

 

Le deuxième Joyau est le Dharma. Le Dharma, c'est ce qu'enseigne le Bouddha : c'est le sceau de la compréhension et de l'amour,  comment comprendre, comment aimer, comment faire pour que la compréhension et l'amour deviennent des choses réelles .

Avant sa mort, le Bouddha a dit à ses disciples proches: « Mon corps physique ne sera plus là demain mais mon corps d'Enseignement sera toujours présent pour vous

aider . Vous pouvez le voir comme le Maître, un Maître qui jamais ne vous abandonne.” 


Ce fut la naissance du Dharmakaya. Parce que le Dharma aussi à un corps, le corps de l'Enseignement ou le corps de la Voie. Comme vous pouvez le voir, la signification de dharmakaya est très simple mais dans le bouddhisme Mahayana, elle devient parfois très compliquée ! 

Dharmakaya, cela signifie l'Enseignement du Bouddha, le Chemin pour atteindre la compréhension et l'amour. Cela signifie que ce qui nous aide à nous Eveiller tient de la nature bouddhique.  

Lorsque je suis seul et qu’un oiseau m'appelle, je reviens à moi, je respire, je souris et je dis « je t'écoute » - les sons comme les images peuvent nous rappeler de revenir à notre véritable moi. 

Le matin, ouvrir la fenêtre, voir la lumière qui entre : nous pouvons reconnaître la voix du Dharma et cela devient le dharmakaya. C'est pourquoi les personnes qui sont éveillés voient la manifestation du Dharma en toute chose: un caillou, un bambou, le cri d'un enfant, tout peut être la voix du Dharma qui nous appelle. C'est ainsi que nous devons être capables de pratiquer. 

 

Un jour un moine rencontra un illustre maître bouddhiste vietnamien au 13e siècle, une époque à laquelle le bouddhisme était très riche dans ce pays .

Le moine demanda « quel est le Dharmakaya pur et immaculé? » et le maître montra un crottin de cheval. C'était une approche irrévérencieuse du dharmakaya, qui était toujours décrit comme immaculé, mais nous ne pouvons pas utiliser des paroles pour décrire le dharmakaya même si nous disons « immaculé, pur », cela ne signifie pas que ce soit distinct ou séparé des choses impures. 


La Réalité, la Réalité ultime est libre de tout adjectif, que ce soit pur ou impur. Cette réponse réveilla l'esprit du moine pour qu'il oublie tous les adjectifs et voit de l'intérieur la véritable nature du dharmakaya. 

Le maître en fait partie dans sa façon de vivre mais aussi les animaux et les plantes qui nous permettent de nous éveiller à la compréhension et à l’amour.  Tout ce qui nous permet cela dans notre vie fait partie du Dharmakaya 


Le dharmakaya ne peut pas s'exprimer en paroles mais il se manifeste à travers tout ; parfois sans rien faire, nous sommes aidés et ceci s'appelle la non-action. Comme une personne dans une petite barque au milieu d'une tempête qui ne peut pas faire grand-chose mais qui se limite à être juste elle-même et dans cette situation, ceci est aussi un aspect du dharmakaya : ne pas parler, ne pas enseigner : juste être. 

Ceci s'applique d'ailleurs à tout ce qui existe.  Observez les arbres du jardin : un chêne est un chêne, c'est tout ce qu'il doit être et c'est ainsi qu'il enseigne le Dharma sans rien faire, sans même s'asseoir pour méditer : le chêne est utile simplement en étant un chêne .

Chaque fois que nous le verrons, nous prendrons confiance ; nous savons que, comme tous les arbres, il nous offre de l'air pur pour respirer. 


Nous pouvons nous rappeler aussi que dans nos vies antérieures, nous avons été des arbres, peut être des chênes et ceci n'est pas une conception bouddhiste mais elle a des bases scientifiques : l'espèce humaine est très jeune, elle est apparue sur la terre il y a peu de temps ; jusque là nous étions des rocs, des gaz et des minéraux puis nous sommes devenus des unicellulaires, des plantes, des arbres et maintenant nous sommes des êtres humains. 

Il est bon de nous rappeler ces existences antérieures, c'est assez facile parce que chaque fois que nous nous asseyons, que nous respirons, que nous regardons autour de nous, nous voyons toutes ces existences passées ; nous pouvons apprendre le Dharma des enseignements d'un chêne, par conséquent il fait partie de notre dharmakaya ; nous pouvons apprendre de tout ce qui nous entoure et de tout ce qui se trouve à l'intérieur de nous-mêmes. 

Alors, même quand nous ne sommes pas dans un lieu de méditation, nous pouvons pratiquer car le Dharma est présent partout autour de nous : tout expose le Dharma, chaque caillou, chaque fleur, chaque feuille enseignent le Dharma et le Soutra du Lotus. 

 

Troisième Joyau : la Sangha est la communauté qui vit dans l'harmonie. La Sangha aussi a besoin d'un corps, du Sanghakaya  ; lorsque nous sommes dans notre famille, dans notre communauté, que nous pratiquons le sourire, la respiration, nous pouvons reconnaître le corps du Bouddha dans nos proches et en nous-mêmes -ainsi la famille, comme la communauté, devient une Sangha. 


Et cela vaut la peine de faire quelques efforts pour établir un Sanghakaya auprès de vous, afin d'être accompagné.e. Ainsi Siddhartha, le futur Bouddha, commença à reprendre de la nourriture alors qu'il pratiquait avec d'autres moines, et ceux-ci  partirent ; alors Siddharta fit de l'arbre de l'Eveil son Sanghakaya ; il fut entouré par le gardien de buffles, par la jeune femme qui lui apporta à manger, par le fleuve, par les arbres et par les oiseaux : tout ce qui l'entourait était son Sanghakaya.

Ainsi où que l'on soit, nous pouvons rencontrer tout ce qui va devenir notre Sanghakaya, un ami, nos enfants, des frères, notre maison, les arbres du jardin, tout cela fait partie du Sanghakaya.

Lorsque nous regardons bien, nous voyons que les Trois Joyaux sont de fait un seul : en chacun d'eux, les deux autres vont apparaître. Dans le Bouddha, nous rencontrons la bouddhéité et aussi le Corps du bouddhisme ; dans le Bouddha, il y a le corps du Dharma parce que sinon, sans lui, nous n'aurions pas atteint l'état de Bouddha. Et dans le Bouddha il y a aussi le corps de la Sangha puisque nous nous éveillons avec l'Arbre de la bodhi, avec tous les arbres, avec les oiseaux et avec l'air qui nous entourent.

 

Dans un lieu de méditation, ( et même sur YouTube!) il y a le corps de la Sangha, un  Sanghakaya puisque nous pratiquons ensemble le Chemin de la compréhension et de la compassion. Par conséquent, le corps du Dharma, le Chemin, l'Enseignement sont présents -pourtant 

l'Enseignement ne serait rien sans la vie et le corps de chacun de nous.  Sans chacun de nous le Bouddha n'est pas réel, juste une idée.

Sans chacun de nous, le Dharma ne peut être pratiqué et 'il est nécessaire que quelqu'un le pratique; sans chacun de nous, la Sangha ne peut exister. 


C'est pour cela que lorsque nous disons « Je prends refuge dans le Bouddha » j'entends aussi, nous entendons aussi « le Bouddha prend refuge en moi » ; « Je prends refuge dans le Dharma : le Dharma prend refuge en moi » ; «  Je prends refuge dans la Sangha : la Sangha prend refuge en moi. » 



Je n’ai vraiment rien à rajouter à ce texte lumineux, sinon qu’il nous aide à mieux comprendre ce que nous chantons, à voir les Trois Trésors (Joyaux) partout autour de nous, sans séparation, et à vivre dans l’harmonie.

Merci à Thay pour ce texte.




 
 
 

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