Noël religieux ou fête du commerce, familial ou solitaire, triste ou joyeux...je me suis demandée ce qu’était Noël pour les pratiquants de la Voie, si leur approche avait changé, comment cela s’accordait à des soirées en famille, ou des repas de fête… Alors j’ai posé le questionnaire suivant à une vingtaine des plus anciens laïcs et laïques étudiant avec moi, et j’ai choisi quelques réponses, parce qu’elles peuvent vous interroger, ou vous faire réfléchir, ou vous donner de nouvelles idées !
1. Est-ce que votre engagement ds la Voie du Bouddha a changé votre approche de Noël ? Matériellement ?
2 Quelle compréhension avez- vous en tant que bouddhiste de Noël?
3. Est-ce que vous vous sentez étranger à ces fêtes, ou plus proche, ou pareil ?
4. Que répondez-vous quand on vous souhaite « Joyeux Noël » ? aux personnes un peu loin ? À celles qui connaissent votre engagement ?
5. Qu’est-ce que vous aimeriez faire de « bouddhiste » pour Noël, ou qu’est- ce que vous allez faire ? Donnez 3 ex !
6. Pour vous Noël, c’est la période de….
"Tout ce qui nous inspire à voir ce qui est vrai et à faire ce qui est bon est une pratique juste. Ajahn Chah "
Pour moi c'est exactement comme cela: une attitude juste pour partager la joie de Noël, ou alléger la solitude, ce qui est juste à donner, à offrir, à partager... Alors Noël entre dans notre pratique, et notre pratique s'enrichit de Noël.
Qu’est ce que Noël pour vous ? Est-ce que votre engagement dans la Voie du Bouddha a changé votre approche de Noël ?
- La Voie du Bouddha, au fil des années, m’amène à des questionnements : pour mieux comprendre les autres et suivre une voie différente sans les agresser, la pratique a été essentielle. Les religions et leurs points de repères forts sont eux aussi conditionnés, mais ils forment les liens de millions de personnes avec la lumière, le divin, leur seul réconfort parfois dans le monde mouvant, effrayant, douloureux. Je suis devenue beaucoup plus respectueuse et prudente, et curieuse aussi, sur ce sujet.
- C’est un moment pour l’observation des trois poisons, et la recherche d’antidote avec l’aide des préceptes :
Effort pour réserver les cadeaux aux enfants, pas trop et « éthiques » - mais maintenant, avec les petits-enfants, cela passe un peu inaperçu dans l’avalanche des cadeaux « commandés » au Père Noël. …
A propos de Père Noël, le respect du 4ème précepte (Ne pas mentir) a été possible avec mes enfants, mais choque dans la position de grand-mère (comment faites-vous ?). C’est aussi l’occasion de parler d’avidité, de pauvreté, mais aussi de contentement.
Enfin, élimination progressive des toxiques (alcool) et de la viande, poisson, coquillages, aux repas. Si de bonnes choses sont au menu, ça va, et c’est juste… très joyeux !
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- Ayant eu une éducation catholique lorsque j’étais enfant , cette fête était traditionnelle et familiale Cela reste le cas pour nous avec les petits-enfants et les enfants. Au fil des ans nous essayons que ce soit le plus simple possible, mais je supporte de moins en moins le côté commercial qui y est associé.
Avec mon compagnon, nous essayons que ce moment soit un moment de partage et qu’il n’y ait pas de gâchis par de petites actions, par ex que les cadeaux ne soient pas des cadeaux « gadget », ou bien l’emballage « zéro déchet » avec des furoshikis
Sinon, on finissait la soirée avec une poubelle pleine de « beaux papiers » froissés, déchirés, à peine regardés.
Nous prenons un petit sapin dans notre forêt et nous réutilisons les décorations d’une année sur l’autre.
Pour les repas, nous essayons aussi à la fois de respecter leurs goûts, de proposer des plats plus festifs, mais sans démesure. Notre fille est végétarienne comme nous et nos petits-enfants le savent et nous posent souvent des questions là-dessus.
Je pense que, en tant que bouddhiste, il y a une attention à porter pour que cette période se passe sans conflit familial, sans excès dans aucun domaine (décorations, éclairage, nourriture, boisson, …) Je ne suis pas spécialement en attente de ce moment, mais je suis contente de rendre mes enfants et petits-enfants heureux.
- Noël est généralement associé à une abondance de mets, de boissons, de cadeaux. Abondance, surabondance et débordements. Je pense que nous essayons de préparer de la nourriture qui fasse plaisir aux personnes présentes mais sans chercher « le repas sans fin (faim?) ». Pour la boisson, il y a un peu d’alcool pour les convives, sans plus. Nous-mêmes en consommons très, très peu. Cadeaux, trouver ce qui fait plaisir à la personne sans rien de spectaculaire.
- En écoutant les chrétiens, et en lisant des écrits de Thich Nhat Hanh ou du Dalaï Lama, j’ai vu certaines choses, comme :
Noël fête la naissance d’un enfant, et l’hommage rendu au nouveau-né fragile questionne en chacun sa propre vulnérabilité, et encourage le développement de qualités comme le don, la protection, l’amour. .
Noël et sa lumière au milieu de la nuit offrent l’espoir de l’existence du lien entre les deux (lumière- divin, et confusion- vie souffrante) et le nomment : abandon, amour. Cette compréhension m’a bouleversée et a stimulé ma pratique sur la Voie. C’est toute la question de ne pas marquer trop la différence tout en étant capable de suivre notre Voie… et en manifestant cela aussi par nos actes.
- Je me sens peut-être plus proche de Noël et de ceux qui le fêtent, justement parce que je me rapproche de Jésus et Bouddha, les voyant comme deux lumières qui éclairent les pauvres humains ignorants que nous sommes.
Que répondez-vous quand on vous souhaite « Joyeux Noël » ? aux personnes un peu plus loin ? À celles qui connaissent votre engagement ?
- Je réponds par un sourire.
- Si les personnes sont seules, je vais surtout m’inquiéter de savoir ce qu’elles vont faire ce soir-là, et les inviter à rejoindre le petit groupe d’amis solitaires avec qui j’ai pris l’habitude de passer ce moment.
- Aux personnes plus éloignées, je souhaite une période de partage, de sérénité, de joie et de solidarité. Aux personnes plus proches, je parle de ma pratique de méditation quotidienne et du bienfait d’une retraite en silence et en méditation surtout dans cette période très agitée (dans le monde extérieur en tout cas) avec beaucoup de dérives si on n’y prend pas garde.
- A ceux qui me disent Joyeux Noël, je souhaite de tout cœur qu’ils soient heureux et en paix. Le temps de Noël me fait éprouver profondément l’impermanence et le vide intime, profond laissé par la mort de ceux que j’ai aimés. Mon cadeau à mes enfants et petits-enfants est de ne pas faire part de cette tristesse et de me réjouir du présent avec eux.
Qu’est-ce que vous aimeriez faire de « bouddhiste » pour Noël, ou qu’est- ce que vous allez faire ? Donnez 3 ex !
- J’aimerais partager avec ma famille une activité altruiste ou qui ait en tous les cas du sens : comme une activité caritative, une marche ensemble dans la nature, en communion avec les éléments et une lecture de textes qui nous ont touchés, chacun et chacune, ou chanter ou jouer quelque chose.
- Faire un don financier à diverses associations caritatives. Allumer une bougie le soir de Noël pour symboliser la lumière qui vient dans le monde (Jésus et Bouddha, même combat !) et rappeler à mon entourage la signification profonde de Noël. Ne pas tomber dans l’avidité en répondant sans mesure à la fièvre consumériste qui règne à cette époque de l’année.
- Inviter une personne seule à passer Noël à la maison. Me réconcilier avec des gens avec qui j’ai eu de graves conflits. Convaincre les gens qu’on peut fêter Noël sans massacrer des centaines de milliers de sapins. Récupérer tous les jouets jetés le lendemain de Noël pour les distribuer aux enfants pauvres.
- Etre un moment, même court, en silence dans le brouhaha de 20 personnes réunies et laisser être, vivre ce qui nous relie. Allumer ensemble cette bougie de l’année qui commence. Laisser une place ouverte à un invité surprise qui ne fêterait pas Noël (isolement, vieillesse, handicap…)
- Depuis l’année dernière, nous faisons un peu « maison ouverte » aussi pour le réveillon de Nouvel An, L’invitation est lancée à des amis, mais aussi à des connaissances qui sont seules ce soir-là, et pour certaines dans des situations difficiles. L’année dernière, on avait préparé le repas à plusieurs, et tous ceux qui le souhaitaient étaient les bienvenus ce soir-là, même en dernière minute. C’était très joyeux.
Comme les personnes invitées sont pour certaines des pratiquantes, je pense que nous proposerons aussi un zazen pré-réveillon et un zazen du jour de l’An !
Pour vous Noël, c’est la période :
- C’est une période de réflexion sur l’année écoulée, de projets pour l’année à venir (« bonnes résolutions » qu’on va essayer de ne pas oublier passé le 2 janvier, cette fois ! ), c’est une période de contentement et de gratitude, de joie enfantine devant la beauté des illuminations et le parfum de la cannelle. C’est une période de don (pas forcément matériel), une période pour se relier aux autres – proches et lointains. Une période avec une sorte de double mouvement : se rassembler et s’ouvrir.
Tout ce qui nous inspire à voir ce qui est vrai et à faire ce qui est bon est une pratique juste.
Ajahn Chah
http://larbredeleveil.org/daishin/lespritvaste/
Daishin : le bulletin de la Sangha de Joshin Sensei et la Demeure sans LImites
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