top of page
Rechercher
Photo du rédacteurJoshin Sensei

Ne réagissez pas : répondez !


Question  d'un pratiquant: Le bouddhisme parle beaucoup de la manière de gérer la souffrance et la violence a posteriori, par le pardon, l’acceptation et le lâcher-prise. Mais, à ma connaissance, il est à peu près muet sur la réaction à avoir lorsque la violence est en train de se produire. Donc, voici ma question : dans la vie quotidienne – que ce soit un cadre professionnel, familial ou plus général – nous sommes souvent témoins de mauvais traitements – violence émotionnelle, intimidation ou déni de droits – qui nous sont infligés ou sont infligés à d’autres. Le Dharma enseigne-t-il comment faire face à ce type de situation, non pas a posteriori mais au moment même où elle se produit ? Devons-nous réagir et, si oui, comment ?

Si je pose cette question, c’est parce qu’il me semble que nous sommes généralement invités à opter pour une approche « non violente », et que ceci est souvent interprété comme de la passivité, ou une absence de réaction.


Réponse de Zenkei B. Hartman Roshi ( San Francisco Zen Center) :


Un moine demande à Yun Men : « Quel est l’enseignement de la vie du Bouddha ? ». Yun Men répond : « Une réponse adéquate ». On m’a dit que les caractères signifiaient littéralement « Un rencontre un », ou « chacun rencontre chacun ». Dans une situation comme celle que vous décrivez, je pense que cela signifie être totalement présent pour voir, avec discernement, s’il existe une façon d’intervenir sans provoquer une escalade de la violence.

Concernant les enseignements du Bouddha sur le fait de mettre un terme à la violence, je vous conseille de lire le sutra d’Angulimala, disponible en ligne sur le site accesstoinsight.org. Bien que le Bouddha fasse appel à des pouvoirs surnaturels pour capter l’attention d’Angulimala et l’empêcher de lui faire du mal, il lui dit clairement : « Vous devez cesser de commettre des meurtres ».


Le neuvième précepte de l’Ordre de l’Inter-être fondé par Thich Nhat Hanh recommande, entre autres choses, d’« avoir le courage de dire la vérité sur les situations injustes même si cela menace notre propre sécurité. », et le douzième précepte de « ne pas tuer. Ne pas laisser les autres tuer. Trouver tous les moyens possibles pour protéger la vie et prévenir la guerre. »

Lorsque vous demandez « Devrions-nous réagir ? » et « Comment devrions-nous réagir ? », vous soulevez la question de l’enseignement de la vie du Bouddha et sa réponse à « juste ceci », ou aux « choses-comme-elles-sont », comme le disait Suzuki Roshi. Toute notre vie de pratique du bouddhadharma consiste à étudier comment répondre au mieux à ce que nous rencontrons, avec sagesse et compassion.

Mon Maître dit souvent : « Ne réagissez pas, répondez. »


Nous cultivons les quatre incommensurables (l’amour bienveillant, la compassion, la joie altruiste et l’équanimité) et les six paramitas ou « perfections » —les vertus que perfectionne un être sur le chemin de l’éveil pour être justement en mesure de répondre de la manière la plus bénéfique possible à ce que nous sommes susceptibles de rencontrer. En outre, le premier précepte pur consiste à s’abstenir de toute action nuisible.


Donc, voici ma réponse : oui, nous devrions répondre à tout ce que nous rencontrons avec un cœur ouvert et aimant, sans colère ni jugement, en essayant d’entrer en contact avec le Bouddha qui est en la personne à laquelle nous répondons. Mais retomber dans nos vieilles habitudes de colère et de jugement ne fait que nous précipiter dans les enfers, au même titre que les auteurs des violences.


Il y a une prière du grand enseignant Shantideva que j’apprécie tout particulièrement : « Puissent ceux dont l'enfer consiste / À haïr et blesser / Être transformés en amants / Porteurs de fleurs. » Et j’essaie d’être attentive à l’avertissement de Mark Twain, « la colère est un acide qui peut davantage abîmer le récipient qui le contient que toute autre chose sur laquelle il est projeté ou versé. »


C’est une grande question que vous avez soulevée. Comment répondre ? Comment répondre à la vie à chaque instant ? Apprendre à ne pas être dans la réactivité et à garder son calme est l’enseignement de toute une vie. Nous ne devons pas nous décourager si nous ne sommes pas sûrs de ce que nous faisons, ou de comment intervenir pour résoudre une situation violente ou empreinte de colère. Se poser ces questions signifie que la compassion et la bienveillance sont déjà établies. Parfois, le calme seul suffira à faire impression ; à d’autres moments, il nous faudra faire appel à la police ou aux services de protection de l’enfance.

Pour faire la réponse la plus adroite, nous devons rester éveillé et présent, rester le plus possible en contact à chaque instant. Et surtout, répondre à la violence par la compassion, même si cette violence est dirigée contre nous.


Buddhadharma, Winter 2011 Traduction : Françoise Myosen



C’est vrai que je partage des textes, des approches que « j’aime », ça veut dire qui me font réfléchir, qui m’ouvre le monde pour que je puisse élargir ma vision, ma compréhension. J’avais été frappé en lisant dans le Sutra qui nous raconte l’Illumination du bouddha par ce passage : Mara, n’arrivant pas à venir à bout du bouddha, à le décourager dans son projet, l’attaque avec des pierres, et des flèches. Et lorsque ces projectiles arrivent auprès du Bouddha, ils se transforment en fleurs !


Ici, on cite Shantideva que j’apprécie tout particulièrement : « Puissent ceux dont l'enfer consiste / À haïr et blesser / Être transformés en amants / Porteurs de fleurs. »

Imaginez...nous avons malheureusement plein d’exemples dans l’histoire de personnes ne songeant qu’à haïr et blesser, et imaginez -les, dans une vie suivante, au lieu de haïr aimer , au lieu d’armes des fleurs ! C’est si loin de notre notion de punition, de vengeance ou loi du talion...et pourtant… :


« Ne réagissez pas, répondez. »

Pas un système mais la liberté de trouver votre propre réponse. Impossible de faire le tour de tous les cas possibles. Mais possible de changer nos bases en partant de « Ne pas faire le mal, faire le bien... »

« Comment répondre à la vie à chaque instant ? » il n’y a pas de mode d’emploi de la vie : nous apprenons en vivant mais nous choisissons nos points de départ même si nous ne savons pas toujours les mettre en œuvre. Nous n’allons pas réussir à chaque fois, ni à contenir notre propre colère, ni à arrêter la violence...


THich Nath Hanh écrit: : « Du temps où j’étais novice, je ne comprenais pas comment le Bouddha pouvait avoir un si beau sourire alors que le monde souffrait tant. Cela ne le perturbait donc pas ? J’ai compris plus tard que le Bouddha avait suffisamment de compréhension, de calme et de force pour ne pas se laisser submerger par la souffrance.

 Il peut sourire à la souffrance, car il sait comment en prendre soin et l’aider à se transformer. Nous devons être conscients de la souffrance, mais en gardant notre clarté, notre sérénité et notre force afin de pouvoir contribuer à transformer la situation. L’océan de larmes ne peut pas nous emporter si karuna- la compassion- est présente. C’est pourquoi le sourire du Bouddha est possible.»

 Extrait du chapitre « Les Quatre États Illimités » in Le cœur des enseignements du Bouddha


Si la violence n’est pas une réponse à la violence, la tristesse, le désespoir devant l’état du monde ne l’est pas non plus, car elle sape nos forces, nous rend incapable de réponse.

Alors ? Il n’y a sans doute de réponse qu’au cas par cas, mais nous pouvons travailler sur notre coeur-esprit pour donner une réponse juste, c’est-à-dire appropriée à la situation ET basée sur notre engagement. Sans être naïf/ve, le mal et la violence existent, notre engagement est de ne pas céder à la violence face à la violence :

« répondre sans colère ni jugement «  dit Blanche Hartmann Roshi.

Tous les mots sont importants : oui, absolument « répondre » ; le « comment »  est à la charge de chacun.e-

Il n’y a pas de mode d’emploi de la vie, juste vivre du mieux possible...



19 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comentários


bottom of page