Quelle que soit la situation dans laquelle nous nous trouvons, nous pouvons choisir notre réponse. Confrontés aux défis qui nous dépassent, nous pourrions penser que nos actions ne comptent pas pour grand-chose. Pourtant le genre de réponses que nous donnons et l’intensité de notre engagement dans ces actions, dépendent de la façon dont nous envisageons l’espérance et de comment nous la ressentons.
En voici un exemple :
Jane était profondément inquiète de l’état du monde et horrifiée par ce qui se passait. Elle considérait les êtres humains comme une cause perdue, tellement bloqués dans leurs comportements destructeurs, qu’elle pensait que l’anéantissement de notre monde était inévitable. « À quoi bon intervenir si cela ne change pas la direction dans laquelle nous sommes engagés ? » se demandait-elle.
Le mot espérance a deux significations différentes.
La première signification repose sur l’espoir, quand il semble tout à fait possible que le résultat escompté se réalise. Si nous avons besoin de ce genre d’espoir avant de nous engager dans l’action, notre réponse sera bloquée dans les domaines où nous n’évaluons pas nos chances de réussite comme très élevées. C’est ce qui s’est passé pour Jane – elle ressentait tant de désespoir, qu’elle ne voyait aucune raison d’essayer d’intervenir.
La seconde signification concerne le désir, moi je dirais l’aspiration !
Quand on a demandé à Jane ce qu’elle aimerait qu’il se passe dans notre monde, elle a décrit l’avenir qu’elle espérait, un monde auquel elle aspirait si intensément qu’elle en souffrait.
C’est par cette sorte d’espérance que commence notre voyage – définir notre espérance et savoir ce que nous aimerions profondément qu’il arrive.
Toute la différence tient à ce que nous faisons de cette espérance. L’espoir passif, c’est attendre l’intervention d’organisations externes pour que nos désirs se réalisent.
L’espérance en mouvement, c’est participer à l’action pour réaliser cet espoir.
L’espérance en mouvement est une pratique. Comme le taï-chi ou le jardinage, c’est quelque chose que l’on fait et non pas que l’on a.
De la même façon que nous pouvons façonner notre corps à volonté, nous pouvons changer notre esprit. Nous façonnons le corps quand nous mangeons moins et que nous maigrissons ou quand nous mangeons plus et que nous grossissons, quand nous buvons trop d’alcool et que nous nous abîmons le foie ou quand nous fumons trop et que nous endommageons nos poumons. Nous pouvons aussi développer nos muscles en faisant des exercices, nous entraîner pour courir plus vite, sauter plus haut ou devenir champion de tennis ou de cricket. Le corps est capable de faire beaucoup de choses que les gens ne peuvent pas faire d’ordinaire s’ils ne se sont pas entraînés. Ayya Khema
De la même façon ,nous pouvons changer notre esprit.
C’est vrai qu’on a souvent l’impression que tout dépend de notre caractère : « ah moi je ne suis pas comme ça.. » Peu importe ! Si vous n’êtes pas souriant.e, vous pouvez le devenir, il suffit de ..sourire.
Oui, on peut changer, se changer, cela demande une décision, et surtout accepter de « lâcher » un peu la représentation à laquelle, ah, nous sommes bien attachés ! que nous nous faisons de nous même !
Comme elle le dit, c’est du faire, c’est une pratique, pas juste un « pas mental » : apprenez en le faisant à sourire, à donner, à parler de façon bienveillante..etc, chacun connaît ses manques, ses limites. Changer de façon positive- et c’est là un point central pour moi- au lieu de vous combattre, parce que vous n’arrivez pas à arrêter de faire la tête, d’être désagréable, ou un peu radin...au lieu de cela nourrissez par le faire ce que vous voulez changer en vous !
Au lieu de regarder le « négatif », « moi je ne suis pas aimable, c’est mon caractère ( et n’en sommes-nous pas peu fier.e, malgré les problèmes que ça nous cause?! ) et je n’y peux rien », décidez de pratiquer « sourire » chaque fois que...j’entre dans une boutique, je croise mes voisins, etc !!
Parce que rien n’est fixe, nous ne sommes pas seulement une « personne » mais un flux, un bouquet de potentialités, une forme mouvante...
Alors, pour y revenir, si vous n’êtes pas
prêt à l’espérance, eh bien..changez et regardez ce que vous souhaiteriez, et entrez dans le processus décrit ainsi par J. Macy :
C’est un processus que nous pouvons utiliser dans n’importe quelle situation et qui implique trois actions clefs. Premièrement, prendre conscience de la réalité ; deuxièmement, identifier vers quoi nous souhaitons aller, et exprimer les valeurs qui nous tiennent à cœur ; troisièmement, nous mettre à suivre cette direction, et adapter la situation en conséquence.
Puisque l’espérance en mouvement ne requiert pas notre optimisme, (« moi je ne suis pas optimiste, c’est pas mon caractère! ») nous pouvons même l’appliquer dans des domaines que nous considérons sans espoir.
La force motrice estl’intention : nous choisissons ce que nous voulons susciter ou exprimer, ou le rôle que nous voulons jouer.
Pas comptable, plutôt que de mesurer nos chances de réussite et d’agir seulement lorsque nous avons de l’espoir, nous nous concentrons sur notre intention et nous la prenons comme guide.
L’intention, c’est la règle de base dans le bouddhisme : c’est la deuxième branche de l’Octuple Sentier, ( après la Vue Juste) parfois traduit aussi par « pensée juste »,mais intention juste mais il y a cette idée de projection. Il y a 3 aspects : l’intention de renoncement, l’intention de bienveillance et l’intention de ne pas blesser.
En nous basant sur cette intention de bienveillance, nous pouvons décider, comme le disent les auteurs, d’agir, de nous mettre en mouvement. On se met en Chemin.
Joanna Macy,, Chris Johnstone « L'espérance en mouvement : Comment faire face au triste état de notre monde sans devenir fou » . Labor et Fides
Sur l’intention: https://portail-dhamma.com/lintention-juste-samma-sankappa
dessin: Anne Shingei J.
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