Est-ce que vous connaissez Hotei, le dieu de l’abondance et du bonheur ?
Bien sûr vous l’avez déjà vu dans les restaurants chinois.
C’est le « Bouddha rieur »,qu’on retrouve dans le bouddhisme, et aussi le taoisme et le shinto japonais. Il représente généralement la générosité, la fortune et l'abondance.
Il était à l'origine un moine Ch’an chinois (Xe siècle). Il est considéré, selon l'école bouddhiste Mahayana comme une incarnation de Maitreya ( Miroku jap.) le futur Bouddha.
Dans le taoisme, il est devenu un dieu du contentement et de l'abondance.
Lors de son passage au Japon, il a intégré le panthéon shinto, et fait partie des 7 divinités du bonheur.
Gros ( le ventre, le hara, le siège du coeur, donc un grand coeur, de la générosité) tête rasée, longs lobes d’oreille, ( sagesse) il porte un sac de toile (budai en mchinois, duquel il a tiré son nom)1 ainsi qu'un bâton.
Il porte un grand sac à trésors qui ne se vide jamais ; selon les traditions, il y a dedans de quoi nourrir les personnes dans le besoin- et leur donner à boire aussi, ce qui en fait, à l’époque moderne, le protecteur des restaurateurs et des barmans !
Selon une autre légende - plus courante- on dit qu'il mettait dans son sac les jouets en bois cassés que les enfants lui confiaient et qu'il les rapportait réparés. C'est pourquoi on peut souvent le voir représenté avec des enfants autour de lui. Il éclate de rire, les enfants se suspendent à lui, on sent qu’ils piaillent et rient aux éclats !
L’enseignante Judith Lief : « Un jour, j’ai eu l’occasion de visiter un temple « aux mille statues de Bouddha ». Parmi toutes ces représentations, celle qui m’a le plus évoqué la générosité était un Bouddha très potelé étreignant des ribambelles d’enfants qui chahutaient sur lui. Riant de joie, il avait su conserver un sentiment de paix au milieu de leur chaos. Au lieu de chasser les enfants parce qu’il avait des choses plus importantes à faire, il les avait rassemblés dans une immense embrassade. Il rayonnait d’amour, de bonheur et d’acceptation. »
Pour le Jour de l’AN, on dit que si un groupe d'étrangers se réunit la veille du Nouvel An et demande tous à Hotei le même cadeau, à condition d'avoir la force de volonté et de croire vraiment qu'il l'accordera, Hotei leur donnera effectivement ce qu'ils demandent.
Une autre coutume consiste à placer un dessin de Hotei, représenté dans un bateau à trésor avec les six autres dieux de la chance, sous son oreiller la première nuit de janvier. L'idée est de s'assurer que le premier rêve de la nouvelle année sera de bon augure.
Hotei : le bonheur absolu de la générosité.
Alors qu’en est-il de nous et de la générosité ?
Je ne parle pas seulement d’acheter des cadeaux, ça peut se faire avec générosité, et pas seulement financière – acheter et offrir à qqn quelque chose dont vous, vous avez envie !- mais aussi juste par obligation et coutume,
je parle du don, de ce nous sommes prêts à offrir à l’autre de nous-mêmes ;
Nous nous sentons heureux, et souriants comme Hotei lorsque nous pouvons être généreux, et pourtant, nous ne le faisons pas toujours autant que nous le souhaiterions.
Qu’est-ce qui nous arrête ? Plusieurs obstacles dans notre esprit qui découlent de notre évaluation, et parfois sous-évaluation de nous même et du monde :
- nous pouvons penser que nous avons peu à offrir, et que cela ne vaut pas la peine, que nous allons être jugé.es, et trouver insuffisant.es. Nous nous sentons pauvres à l’intérieur.
- un autre : petitesse de notre esprit, qui amène une certaine mesquinerie : nous avons peut être beaucoup de choses – dans tous le sens du terme- mais nous avons peur, ou nous refusons d’en lâcher une partie… peur de la perte, manque de confiance en nous -même ! De nouveau une impression de pauvreté intérieure.
- Différent : notre « petit » esprit a tendance à nous enfermer en nous-même : absorbé.es par ce qui se passe en nous et dans notre vie, nous ne voyons littéralement pas ce qui se passe autour, nous ne voyons pas les autres, nous sommes aveugles à ce que les autres aimeraient, ou ce dont ils ont besoin.
Pour éviter ces obstacles, nous pouvons ouvrir les yeux, à la fois sur nous-mêmes et sur l’extérieur.
Il nous faut c’est vrai faire un peu d’efforts parfois, et nous regarder avec gentillesse, mais sans attachement et sans jugement .
Nous voyons alors que nous avons toujours quelque chose à donner, soit matériellement, soit une parole ou une écoute, soit un sourire.
Nous ne sommes pas pauvres ! Lorsque nous comprenons cela, c’est la fin d’une peur, souvent très présente, et il naît en nous un sentiment d’abondance, et une grande joie.
Rien ne peut nous être enlevé de cette richesse du don, notre coeur est spacieux.selon Judith Lief.
Une œuvre d’art en macaronis Karen Maezen Miller
J’avais supplié mon père de m’emmener au magasin. C’était la veille de Noël et je n’avais rien à offrir à ma mère, mis à part un bricolage fabriqué à l’école – un tableau en macaronis peints. La honte. Même en maternelle, je savais que ce n’était pas un vrai cadeau. Ce n’était pas assez bien. Qui aurait voulu recevoir une chose pareille ? Quand j’y repense, je ressens encore tout le jugement et la honte de l’enfant de cinq ans que j’étais. Mon père m’a emmenée au magasin du coin, et j’ai cassé ma tirelire pour acheter un set de sous-verres en plastique.
Un jour où ma mère nettoyait sous mon lit, elle a trouvé le tableau en macaronis que j’y avais dissimulé. Elle me l’a montré avec un air interrogateur. Aujourd’hui, je sais ce qu’elle a ressenti, ce brusque élan de tendresse pour son enfant blessé et son cœur brisé.
Les dons les plus profonds sont ceux qui répondent à aucune norme. Ils n’ont rien de formidable ni de grandiose. Au contraire, ils sont sans grand intérêt et ordinaires. Parfois, ils ressemblent davantage à des échecs qu’à des cadeaux. Mais peu importe : ils portent en eux l’essence précieuse de la vraie nature de la vie, à savoir l’amour.
« Entre la personne qui donne, la personne qui reçoit et la chose donnée, il n’y a pas de séparation. » Cet enseignement du Zen nous dit que la générosité va au-delà des apparences. Il n’y a rien qui nous sépare, rien qui définisse la substance d’un don. Tout est vide et parfait tel qu’il est. Nous pratiquons cette vérité en donnant ce que nous pouvons à chaque fois que les circonstances le demandent et en recevant ce qui est donné lorsque les circonstances nous l’offrent. Lorsque nous donnons et recevons de tout notre cœur, sans jugement, la séparation est transcendée. La mesquinerie est surmontée et l’avidité disparaît. Nous en venons à voir que tout nous est déjà donné. Tout ce qu’il reste à faire est de le partager.
« J’aime beaucoup », a dit ma mère. Et c’était vrai. »
Nous savons naturellement quoi donner ; donner sans peur, donner avec joie, donner parce que nous expérimentons la gratitude pour tout ce que nous avons reçu, et recevons à chaque instant ; le Bouddha a dit : « Si les êtres connaissaient, comme je les connais, les résultats du don et du partage (…), même s’il s’agissait de leur dernière bouchée, ils ne mangeraient pas sans avoir partagé, s’il y avait quelqu’un avec qui partager leur don. »
Un bon sujet de réflexion avant les fêtes de fin d’année…
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