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Être cabossé ou décabossé ?

Photo du rédacteur: Joshin Sensei Joshin Sensei

A la fin de ce mois, comme un exercice pratique pour la transparence, pour changer notre obscurité quand nous l’avons vue, pour tourner nos regards vers la lumière...


« Arrêtez et cédez, et vous êtes comme un océan accueillant mille rivières; quand vous êtes là, il n'y a plus à attraper ou à rejeter.Lâchez, et vous êtes comme une grande vague poussée par le vent; quand vous arrivez là, il n'y a plus intérieur ni extérieur.

M°Dogen Eiheikuroku


Dans la pratique de zazen comme d’autres pratiques, il est courant de penser que nous devons rejeter quelque chose de mauvais qui se trouve à l’intérieur de nous ; pendant zazen, on veut se débarrasser de nos pensées ; dans la vie, on veut des débarrasser des choses négatives qui nous sont arrivées. Il y a quelque temps, j’ai reçu un message d’un pratiquant qui disait: «  Récemment, je discutais avec une amie. Nous évoquions le fait qu'il était souvent possible de prendre conscience de nos bosses et de nos cabosses. Mais qu'il nous paraissait plus difficile de nous décabosser. »

Voici une forme de réponse, appuyée sur les textes du Dharma.

Pour moi, le Chemin du Bouddha est un chemin de transformation; nous avons cette capacité presque illimitée à nous transformer, à changer, mais nous n'en profitons pas beaucoup, restant à tourner toujours sur les mêmes chemins...


Par ex, "spontanément" nous sommes grognon, ou aimable, ouvert aux autres ou renfermé...Allons-nous changer? Et comment ce changement résonne-t-il en nous - même?

Vous vous souvenez de cette phrase « prendre la responsabilité de notre vie » : voici ce que dit Ayya Khema, une enseignante Theravada :


 « Rien de ce qu'on peut avoir dans le monde, n'importe-où, dans n'importe quelle circonstance, n'est capable de nous apporter le bonheur complet. Si nous voulons le vrai bonheur, la seule façon de l'obtenir est de laisser partir celui ou celle en nous qui est malheureux. 

Il ne s'agit pas d'essayer de s'accrocher à celui qui est heureux. Au contraire lorsque l'on renonce à celui qui est malheureux, il ne reste rien d'autre que le bonheur de la tranquillité et de la conscience pure. »


« Laisser partir », mais pas arracher, refuser de voir, ni cajoler... Pas facile de lâcher notre souffrance parce que nous en avons fait une part de nous-mêmes et à ce moment-là, la lâcher signifierait comme une amputer une partie de nous-même.  Laisser partir c’est accepter de lâcher l’idée que JE ne vais pas résoudre mes problèmes, non pas que qqn d’autre va le faire ! Mais je vais apprendre à les « laisser partir »- au lieu de les faire tourner dans ma tête... ( attention ! pas les enfouir, pas les ignorer...partir ! )

Quand nous essayons d’enlever notre souffrance, nous nous fixons de plus en plus sur elle et ce fait même d'essayer de l'enlever redouble notre souffrance. Et nous garde toujours fixé.e sur elle !

C'est un petit peu comme quand on se dit « je ne dois pas penser à telle ou telle chose », et du coup comme on se dit ça toute la journée, on y pense toute la journée !

Il me semble de plus en plus que nous nous y prenons mal, que nous faisons le contraire de ce qui peut nous aider ; au lieu de nous fixer sur notre souffrance pour essayer de l’amoindrir, ou de la faire diminuer ou disparaître, je suis sûre que c’est nettement préférable de nous fixer sur les choses positives qu'il y a en nous. C’est un retournement de notre approche !


Nous avons tous quelque chose de positif... une façon de penser, une façon de faire, des gestes,savoir faire pousser des fleurs, faire rire un enfant, cuisiner des choses délicieuses, des façons de regarder le monde et nous pouvons essayer de les regarder, non pas pour nous en féliciter et nous tapoter dans le dos, mais les regarder pour les faire croître ; comme si on se mettait des graines de fleurs là où il y a des mauvaises herbes qu’on n’a jamais réussi à arracher. Dans la nature ça ne marcherait peut être pas, mais il se trouve que dans notre esprit, j'en suis sûre, les graines de fleurs petit à petit croissent et les mauvaises herbes lorsqu'on ne les regarde pas, lorsqu'on ne les « arrose » plus en quelque sorte, décroissent. 

Ca demande une confiance, ça demande de penser que, oui, nous sommes capables de chose belles et bonnes ; ça demande de penser que, oui, nous avons un fond positif qui peut nous apporter la joie et apporter la joie au monde.


Le Dalaï Lama en fait un vœu pour nous tous : « Puissent nos qualités bénéfiques nous protéger tous. Puissent nos qualités positives - celles que nous développons et celles qui sont déjà bien établies - nous protéger. Puissent-elles être notre contribution au monde. »

Déjà, ça demande pour commencer peut être tout simplement de décider à s’exercer à sourire !


Et l’essentiel est zazen- zazen nous fait perdre notre construction du moi en nous la montrant clairement, en nous montrant nos réflexes, nos ruminations, nos colères- toutes nos idées sur nous même- et en nous montrant que nous sommes aussi beaucoup plus que cela : il nous fait entrer dans l’immensité, dit M° Dogen.


«  Il y a un attachement à tout ce que nous appelons « moi », c’est la source de toute souffrance.
 dit Ajahn Sumedho. Toute notre vie nous résistons au cours naturel des choses, le changement. Nous essayons de maintenir, cramponner, garder ce qui par définition est transitoire, que ce soient les objets, les souvenirs, les relations, notre propre corps.

Lâcher prise, se libérer de nos obsessions et problèmes personnels n’est pas plus compliqué que ça. Il ne s’agit pas d’analyser éternellement et d’aggraver ainsi le problème, mais de cultiver la pratique de laisser les choses suivre leur cours, de ne pas s’en saisir, de les laisser de côté. »


Donc, arrêtons d’essayer de nous « décabosser », et plutôt, plantons des graines même minuscules, mêmes maladroites, de moments de bonheur, des interstices de joie.

Des graines de « lâcher prise » à travers l’assise silencieuse, là où le jugement sur nous-même et les autres s’arrête.

Les Enseignements du Bouddha nous disent que nous sommes, flux, changement, forme transitoire..émerveillons-nous aujourd’hui. De ce que nous sommes dans la réalité complète.C’est un « oui » à notre véritable nature, sans forme, juste lumière.


Harada Roshi dit tout simplement :

«  Qu’est-ce qui nous empêche d’atteindre l’Illumination ? C’est le point de vue émanant de notre ego ».

Changeons de point de vue : acceptons de changer, de lâcher.

Je ne sais plus où j’ai trouvé cette formule très claire :

« Changer la façon dont vous regardez les choses change votre façon de penser; changeant votre façon de penser, vous changez votre façon de faire – de là, vous changez toute votre vie. »

Changer la façon dont nous regardons les choses signifie changer notre regard sur nous-mêmes et quand nous changeons notre regard sur nous, nous changeons notre façon de faire- les vieux réflexes s’effacent, les vieilles habitudes nous quittent.

Et quand nous changeons ce regard, et notre façon de penser, et notre façon de faire- eh bien, nous devenons complètement une autre personne, et nous changeons notre vie.

 

Dis comme cela, cela paraît facile et nous savons tous que ça ne l’est pas ! Nous nous sommes construits avec nos « bosses et cabosses », mais le mot-clé est « confiance ».


Confiance que nous pouvons changer et lâcher, que laisser partir et ouvrir les mains, c’est possible avec zazen comme guide et comme support. Qu’il faut la volonté, mais je dirais « une volonté douce, bienveillante »...( Soyez doux dans votre pratique…)

Cela devient facile lorsque nous voyons que renoncer à ce sur quoi nous nous sommes construit n’est pas une perte, pas une souffrance, mais un allégement, une lumière.C’est la confiance dans le Dharma, dans la 4ème Noble Vérité : il y a un Chemin qui mène hors de la souffrance.


Je reprends ce que dit Ayya Khema :

« Rien de ce qu'on peut avoir dans le monde, n'importe-où, dans n'importe quelle circonstance, n'est capable de nous apporter le bonheur complet. Si nous voulons le vrai bonheur, la seule façon de l'obtenir est de laisser partir celui ou celle en nous qui est malheureux. 

Il ne s'agit pas d'essayer de s'accrocher à celui qui est heureux. Au contraire lorsque l'on renonce à celui qui est malheureux, il ne reste rien d'autre que le bonheur de la tranquillité et de la conscience pure. » Hop ! Décabossé !






 


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